La 65ème édition des Olympiades Internationales de Mathématiques se déroule à Bath, au Royaume-Uni, du 11 au 22 juillet.
L’équipe de France est composée de Serge Bidallier, Anatole Bouton, Erik Desurmont, Oscar Fischler, Solal Pivron-Djeddi et d’Auguste Ramondou. L’équipe est encadrée par Théo Lenoir (chef d’équipe) et Martin Rakovsky (chef d’équipe adjoint).
Excellente performance de la France, qui finit 21ème sur 109 pays, avec 1 mention honorable, une médaille de bronze, trois médailles d’argent et une médaille d’or.
Le site officiel de la compétition se trouve ici.
Dimanche 14 juillet : About time
Hmmm le doux bruit de mon réveil ce matin à 6h15, m’annonçant le grand jour. et je ne parle pas de la fête nationale, complètement éclipsée par THE highlight : les Olympiades Internationales, ça commence aujourd’hui !
Je suis manifestement le seul à avoir pris les horaires au sérieux. Je retrouve Anatole et Auguste à Châtelet vers 7h50, puis le reste de l’équipe à Gare du Nord à 8h. Tous affichent un large sourire, mais ne nous y trompons pas, ils ne sont pas là pour visiter Stonehenge, mais bien pour terrasser les problèmes que l’Olympiade osera mettre sur leur chemin.
Comme le veut la tradition, je suis le seul accompagnateur de l’équipe, puisque notre chef d’équipe Théo est déjà sur place, rassemblé avec les chefs d’équipe des autres pays participants, afin de décider des sujets des problèmes de l’Olympiades. Nous ne pouvons pas entrer en contact avec lui, et nous ne le reverrons qu’après le deuxième jour d’épreuve.
On commence le passage à la douane. Et là, premier accroc : l’autorisation parentale de Solal ne convient pas aux douaniers. On nous pose tout un tas de questions, qui sommes-nous, qui est le responsable du groupe (ravi de constater que malgré les années qui passent, j’ai manifestement la même tête qu’un enfant de 17 ans. Si vous souhaitez vous faire un élixir de Jouvence à partir de cellules de ma peau, contactez-moi en MP), et qu’allons-nous faire en Angleterre. Au moment où je prononce la phrase “nous sommes l’équipe de France aux Olympiades Internationales de Mathématiques”, le douanier se fige, ouvre grand les yeux et nous dit “vous êtes des champions de maths ? Approchez-vous”. Voilà que, en plein devant le bureau de la douane, en dépit de l’impatience de toute une file d’attente, le douanier commence à nous raconter comment “les maths ont ruiné [sa] vie”. S’ensuit un récit de 5 minutes, particulièrement émouvant, sur la vie d’un homme encore traumatisé par la matière, mais qui nous a promis de retravailler tout ça à sa retraite. Je remercie Auguste pour avoir fait le small talk et donné régulièrement quelques réactions du genre “ah ouais”, “ah quand même”, “non mais les maths c’est vraiment dur”, “vous n’êtes sans doute pas le seul”…
Bref, finalement, on nous laisse passer sans plus de problèmes (les maths ouvrent beaucoup de portes, même celles de la douane quand on n’a pas une autorisation de sortie du territoire en règle). Serge me dit “l’an prochain faut tenter de passer la douane sans avoir d’autorisation du tout, voire si ça passe”.
Nous voilà dans l’Eurostar. Pour occuper les élèves, je leur demande à chacun de me résumer le Royaume-Uni en 5 mots chacun. Voilà donc l’image que possèdent nos meilleurs élèves de nos meilleurs ennemis : le Royaume-Uni c’est le Brexit, la Reine (you know she passed away right ?) et plus généralement la famille royale, le Loch Ness (big up à Nessy), le pudding, le Tea Time mais aussi Peaky Blinders, Mr Bean, et enfin le Common Wealth, ou plutôt comme dit Auguste, “l’impérialisme”. Oubliés Shakespeare, les Beattles, Charlent Dickens, James Bond, Sherlock et autres figures emblématiques…
On arrive à Londres, et j’ai *enfin* le temps de prendre une photo de l’équipe :
Les lecteurs les plus assidus n’ont même pas besoin de lire la suite pour reconnaître nos élèves. Bon, pour les présentations (de gauche à droite), Jeux Olympiques obligent, j’ai associé à chaque élève un athlète français (ça vous fait réviser comme ça, on va bientôt vouloir crier leur nom devant notre télé de toute façon):
-Erik : Il n’a pas encore fait d’Olympiades Internationales mais il a un gros potentiel (40/40 à la Balkan MO, c’est plutôt quelqu’un de solide sur ses prises). Il se compare lui-même modestement à Sam Avezou (escalade).
-Solal : C’est aussi sa première Olympiade Internationale, mais vous l’avez probablement vu au RMM ou médaillé d’argent à la JBMO. Il dévore tous les problèmes sur son passage, comme Léon Marchand (natation) dévore tous les records.
-Auguste, médaillé de bronze à la précédente Olympiade Internationale, médaillé de bronze au RMM en février, se voit plus comme Antoine Brizard (volley).
-Quand on sait qu’il est double médaillé d’argent aux Olympiades Internationales et médaillé d’or au RMM, il est difficile de ne pas comparer Anatole à Teddy Rinner (judo).
-Serge, médaillé de bronze aux Olympiades Internationales et au RMM, me fait beaucoup penser à Earvin Ngabeth (volley).
-Oscar, avec le même palmarès que Serge cette année, m’a dit, modestement, qu’il aimait beaucoup Félix Lebrun (tennis de table). En parlant de Félix Lebrun, l’équipe me dit de dire bonjour à un certain Arthur, qui se reconnaîtra probablement.
Reprenons le récit. L’effervescence provoquée par la finale de l’Euro, nous changeons un peu nos plans et décidons de nous rendre à Heathrow, où un bus affrété spécialement par les organisateurs de l’IMO nous attend. On emprunte donc le fameux subway.
J’en profite pour présenter notre mascotte, initiative de nos élèves : chaque élève possède un petit poussin jaune en peluche, quant à moi je suis en charge de la poule (pas besoin de vous expliquer la blague…). Comme quoi ils ont vraiment des idées brillantes…
À l’aéroport, on est reçu par le personnel de l’OIM, qui nous dit que le car part dans 15minutes, donc ça nous laisse autant de temps pour acheter de quoi manger. 15 minutes plus tard, on dévore nos sandwichs en attendant le “coach” (et non Oscar, il ne s’agit pas d’un entraîneur) sur le parking (attente qui aura pris en tout 30 minutes).
Les 2h de bus vers Bath passent trop vite, on a à peine de le temps d’échanger quelques anecdotes personnelles… on marque la différence avec les autres équipes du car, qui sont juste en train de somnoler.
L’arrivée enfin. Nouvelle photo d’équipe, cette fois-ci avec les polos d’équipes :
On récupère nos goodies et on se rend à nos chambres (individuelles) pour déposer nos affaires. On y rencontre Alex, qui sera notre guide pour la semaine, et qui nous fait faire un petit tour du grand campus. Coup de coeur immédiat sur le hall sportif, dans lequel nous passons notre fin d’après-midi, à essayer divers sports de raquette.
On termine la soirée avec le dîner, devant la fameuse finale de l’Euro, en compagnie de l’équipe belge :
La finale anime tout le restaurant universitaire, mais les anglais repartiront déçus. “En même temps, ils font tout à l’envers : nous on roule à droite et eux à gauche, nous on a le volant à gauche et eux ils l’ont à droite, donc forcément quand les espagnols tirent à gauche, le gardien anglais plonge à droite.”
Sur ces bonnes paroles, les élèves se couchent tôt pour caler leur sommeil avant les épreuves. À demain si vous le voulez bien.
Lundi 15 juillet : Tomorrow and tomorrow and tomorrow
Car oui, aujourd’hui n’est qu’une journée destinée à préparer demain. Au programme : sport le matin “pour s’épuiser physiquement” et cérémonie d’ouverture l’après-midi, la recette pour bien s’endormir le soir et être frais pour la première épreuve demain.
On commence avec le petit déjeuner, qui se distingue du dîner de la veille autant par sa qualité que par la quantité proposée. On a du sucré (bon les croissants français ne souffrent pas la comparaison, mais je salue l’effort de notre hôte) mais aussi du salé, avec des plats qui correspondant plus à ce qu’on attend d’un petit déjeuner anglais.
Bref, après avoir fini de m’extasier, on décide de retourner faire du sport de raquette. Je m’essaye au squash avec Erik et Serge, tandis qu’Anatole offre à nos compatriotes belges le match de tennis de table qu’ils attendaient tant. D’après Anatole, c’est une victoire écrasante pour le joueur français. Son adversaire, Pierre-Akin, pourtant numéro 4 belge dans sa catégorie d’âge (à l’époque, avant qu’il se fasse les ligaments croisés, vous connaissez), dépité, affiche un seum à la Thibault Courtois (si jamais vous cherchez du sel, vous en trouverez plein dans les larmes de Pierre-Akin). Pendant ce temps, sur le terrain de badminton, Oscar, Solal et Auguste, dont le niveau est pourtant loin d’être déshonorant, affrontent un Australien plutôt… coriace (bon le match a tourné à la démonstration, nous ne nous étendrons pas plus sur le sujet).
Après tout ce sport, le besoin de prendre une douche se fait sentir (si si… sentir) et ça serait dommage de manquer d’hygiène dans une ville qui s’appelle Bath. Il est déjà l’heure d’aller manger. Je constate avec dépit que le menu du déjeuner ressemble fort au menu du dîner de la veille. Cela me fait penser qu’il serait bien qu’on aille faire des emplettes au market du coin, notamment de la nourriture pour les épreuves de demain (et de quoi grignoter pour moi…).
Vers 14h, on se rend vers la cérémonie d’ouverture, qui a lieu dans un théâtre de Bath, le Forum. On nous y fait poireauter pendant 1h30 (ça commence à 16h). Je me retrouve séparé des élèves, qui ont profité de tout ce temps pour prendre des photos avec un maximum d’autres équipes, pendant que, à l’autre bout de l’amphi, j’échange avec mes homologues belges, luxembourgeois et autrichiens. Petit jeu : identifiez les drapeaux sans lire la légende (niveau croissant de difficulté).
Alors, vous avez eu 4/4 ?
Avant de décrire la cérémonie, rappel du contexte : l’IMO 2024 devait se dérouler à Kiev. En 2022, l’invasion de l’Ukraine incite le comité d’organisation de l’IMO à organiser la compétition dans un autre pays. Le Royaume-Uni, qui avait déjà organisé l’IMO en 2019 à Bath, et avait donc l’expérience requise pour monter le projet en 2 ans, s’est porté volontaire, et nous voici donc à Bath.
Ayant ce contexte en tête, on ne sera pas surpris de voir la cérémonie commencer par un spectacle de danse traditionnelle ukrainienne, en l’honneur du pays “où l’on espère pouvoir bientôt organiser une nouvelle IMO” (Geoff Smith). Vient ensuite le discours de Geoff Smith, ancien président du comité d’organisation de l’OIM et big boss de la préparation britannique (si si, c’est ça son titre officiel). Discours très court et très drôle, je vous en partage la teneur : “Je vois que vous avez apprécié la météo (il a plu toute la journée, ndlr), nous sommes en été après tout. Hier soir vous avez pu apprécier les performances sportives de l’Angleterre, à l’image de notre météo. Tout ceci fait partie de nos traditions.” Un petit message de paix pour cette Olympiade et c’est parti pour la parade des équipes. Chaque équipe est invitée à monter sur l’estrade avec son drapeau et se fait applaudir par le public. Le public est composé des participants, des chefs adjoints… et des chefs d’équipe qui sont sur le balcon du théâtre et qui ne sont toujours pas autorisés à entrer en contact avec leur équipe parce qu’ils connaissent les sujets de demain et après-demain. En particulier, quelque part, au-dessus de nos têtes, dans la salle, respirant le même oxygène que nous, il y a Théo. Bref, revenons à la parade des équipes. Certaines équipes, au moment de monter sur l’estrade, effectuent des acrobaties, des petits gimmicks, dans l’espoir de recueillir plus d’applaudissement que les autres. D’autres équipes recueillent naturellement plus d’applaudissement, c’est le cas du Bhoutan, dont c’est la première participation à l’IMO de son histoire, de Oman dont l’équipe est composée de 6 filles et du Honduras, du Lichtenstein et du Nicaragua, pour chacun desquels l’équipe est composée d’un seul élève, qui a donc droit à son petit moment solo sur scène. Au moment pour l’équipe de France de monter sur scène, mon téléphone me fait défaut (pour sa défense, il a la moitié de l’âge des élèves). Je vous laisse apprécier le résultat par vous mêmes.
Après la parade, on se lève tous pour écouter le vœu solennel que font les élèves britanniques, au nom de tous les participants à l’OIM, d’avoir une conduite honnête et intègre pendant la compétition (en particulier, on triche pas !). Le président et la secrétaire générale du comité exécutif de l’OIM montent alors sur scène pour nous parler… d’intelligence artificielle. Cette année, un chercheur aurait créé une IA qui aurait résolu une bonne quantité des problèmes de géométrie proposés aux Oympiades Internationales (pourquoi la géométrie et pas les autres problèmes ? ça serait trop long à expliquer). Toutefois, il n’existe à ce jour pas d’IA qui puisse obtenir une médaille d’or aux IMO. Le créateur d’une telle IA se verrait remettre un prix de 10 000 000 de dollars. Vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous voulez gagner un peu d’argent. Le président conclut “les étudiants demeurent toujours plus intelligents que les machines !” (big up aux élèves qui n’ont pas de médaille d’or du coup…).
La fin de la cérémonie se déroule dans une cohue comme rarement on en a vue. Les élèves tentent tous d’apercevoir leur chef d’équipe parmi tous les chefs d’équipes penchés au balcon pour faire coucou de la main à leurs élèves. Moi et ma vue défaillante tentons nous aussi, désespérément, de retrouver Théo parmi cette foule. J’étais sur le point d’abandonner quand soudain Oscar pointe du doigt un visage au loin :
On rentre finalement sur le campus de l’université. Les élèves ne sont pas du tout fatigués, ils sont même surexcités. Croisant les belges avant qu’ils aillent enfiler leur Bath-ing suit et nager, on improvise une petite promenade sur le campus. Moi qui pensais que ça détendrait tout le monde, au contraire !
On passe devant la salle des épreuves, qui est gigantesque (600 tables en même temps ça prend de la place) :
Vers 21h, les élèves décident d’aller dormir, après avoir préparé leurs affaires pour le lendemain, scrupuleusement inspectées par mes soins. En même temps il y a des participants, je ne dirai pas qui, (Erik ton secret est sauf) à qui il est déjà arrivé d’oublier leur compas dans leur valise pendant une épreuve, donc on n’est ja-mais trop prudent. Je vous dis donc à demain pour ce premier jour d’épreuve !
Mardi 16 juillet : Rolling in the deep
Réveil à 7h. Petit déjeuner à 7h15. Les élèves sont prêts comme s’ils avaient préparé ça depuis 3 ans (wait…). Regardez-moi ces têtes de vainqueurs :
On court chercher nos affaires, les élèves prennent leur trousse, leur sac, leur téléphone… puis arrivé devant la salle, ils se rappellent qu’ils n’ont pas le droit d’avoir leur sac et leur téléphone. Et devinez qui n’a que deux bras et deux poches mais à qui se retrouvent à devoir récupérer tous ces précieux items… ?
Avant d’entrer dans la salle, Serge réclame un speech. Je demande à chacun de me dire quelle est l’idée la plus stylée qu’il a utilisée cette année. On a “utiliser une inégalité autonome puis passer à la limite”, “introduire un graphe dans un problème qui a rien à voir”, “compléter le parallélogramme”…bon c’est vrai que c’est plutôt joli toutes ces idées, peut-être qu’elles ne serviront pas là, mais au moins ça leur rappelle qu’ils sont capables de beaucoup d’originalité, et de déployer beaucoup de stratégies à partir d’un petit énoncé de rien du tout. Le conseil final sur lequel on se met tous d’accord, c’est qu’il faut se donner les moyens d’aller chercher les points. Cela veut dire qu’on teste les petits cas, on pousses ses idées jusqu’au bout, on trace des grandes figures…
Pendant ce temps, on m’informe que je n’aurai pas accès aux problèmes avant 11h30, soit 1h30 avant la fin de l’épreuve. Cela laisse 3h aux chefs adjoints pour s’en aller visiter les bains romains qui ont donné leur nom à la ville de Bath. Bon on va pas se mentir, les fameux bains sont une piscine d’eau croupie stagnante remplie d’araignées d’eau, même avec une combinaison et un scaphandre je n’y envoie pas l’élève que j’aime le moins. Mais le musée est assez bien fait, on a des audio book qui nous racontent un peu les détails de ce point de rencontre autour duquel s’est bâtie toute une ville (avec des effets spéciaux, genre des bruits de fond d’eau qui coule, ou des voix qui grelottent ou qui ont chaud dépendant de la salle où l’on est). Il n’en faut pas grand chose : un temple autochtone vénérant une déesse que les romains se sont empressés de renommer, une miraculeuse source naturelle d’eau chaude (47 degrés quand même “attention c’est très très tiède”)…et hop là une ville de 2000 ans d’histoire. Bref, typical Roman story. Je fais la découverte assez désagréable que je suis un mauvais photographe : à deux reprises un chef adjoint m’a demandé de prendre une photo de lui devant les bains, ou devant une statue, et chaque fois je les ai surpris à demander à quelqu’un d’autre de prendre la même photo un peu plus tard [insérer dans votre tête une musique de solitude, genre l’intro de “mad world”].
Je reviens, je découvre les problèmes à 11h40, et on me dit que je devrai sortir de la salle à 12h30 pour attendre les élèves. 50 minutes pour découvrir un problème d’algèbre, un problème d’arithmétique et en troisième un problème de combinatoire. Mon compas restera dans sa boîte aujourd’hui.
Je retrouve les élèves à la sortie, à 13h20. Je ne vous dirai pas ce qu’ils pensent ou pas avoir trouvé, je laisse le suspens.
L’après-midi c’est une après-midi d’échec et de déception. Car voyez-vous, cela fait 2 jours qu’Anatole a une balle dans ses pieds et qu’il ne peut pas jouer avec. Donc il la fait rebondir contre les murs (celui de ma chambre), il la fait rouler dans la rue (les passants, fuyez)… en attendant impatiemment le moment ou ce référentiel sphérique pourra réaliser son potentiel et effleurer le gazon d’un terrain de foot. Mais alors qu’il allait se rendre sur le terrain avec tous ses amis, une averse vient mettre un terme à tous ses espoirs. La route est mouillée, l’herbe est devenue boue, plus personne ne veut jouer…Alors on trouve bien un baby foot pour faire une partie mais bon, c’est pas vraiment ce qu’il espérait :
Anatole rebondit en défiant Oscar à une partie d’échecs.
Mais voyez-vous, Oscar est 2300 ELO aux échecs. Donc il est tout à fait capable de visualiser l’échiquier sans le regarder et de jouer une partie d’une heure comme ça… et de battre son adversaire. Une dure journée pour Anatole.
L’équipe se disperse. Certains iront jouer au ping-pong, d’autres se poser dans leur chambre. On se retrouve pour manger à 19h.
Après manger, on retente la grande épopée pour jouer au foot. Sauf que c’est Akin notre belge préféré qui nous guide, et Akin il nous emmène sur un premier terrain qui est déjà occupé. Puis il se rend compte que le terrain auquel il pensait nécessite de faire tout un tour, arrivé là-bas on voit que le terrain est aussi occupé… alalala. Heureusement, on croise l’équipe d’Azerbaïdjan qui accepte de jouer avec nous. Le souhait d’Anatole est enfin réalisé.
Anatole, Akin et moi terminons avec un peu de piscine à 21h, tandis que les autres se couchent tout doucement.
Mercredi 17 juillet : You only live twice
Et oui, aujourd’hui les élèves ont à nouveau l’occasion de prouver leur valeur. Même rituel matinal que la veille. Je laisse les élèves entrer dans la salle à 8h30, en faisant mon possible pour instiguer, même chez les moins réveillés, l’envie de gravir des montagnes. Une fois encore, je n’aurai pas accès au sujet avant 11h30. Je décide donc d’aller faire une sieste dans ma chambre pour prendre des forces avant les jours de coordinations. Je découvre ensuite les problèmes : de la géométrie, de la combinatoire et un problème d’équation fonctionnelle. Je retrouve Théo à 13h pour attendre les élèves à la sortie de la salle. Choix peu judicieux : l’excitation naturelle des élèves à la sortie de ce deuxième jour et leur envie de raconter leurs trouvailles doit lutter avec l’excitation de retrouver leur chef d’équipe adoré. Cette excitation est telle qu’on en oublierait de manger, et qu’on en oublierait d’attendre son chef adjoint (ça y est Théo est arrivé depuis 1h et on oublie déjà que j’existe, sympa les gars).
L’après-midi, Alex nous a concoctés une activité mini-golf à Bath :
On termine l’après-midi avec une petite visite des lieux emblématiques de Bath, comme le “Royal Crescent”, (bah ça a la forme d’un croissant et pour rendre ça stylé on met le mot “royal” devant) qui est un ensemble résidentiel de 30 maisons, héritage de l’architecture grégorienne (prenez des notes, interro lundi prochain).
On passe également devant une église :
Une fois rentrés, les élèves se dirigent vers les tournois sportifs organisés. De ce que j’ai entendu, au badminton c’était pas glorieux, mais au tennis de table on a 2 français qui finissent dans le dernier carré, Anatole et Solal. Anatole échoue malheureusement en finale face à Pierre-Akin, qui venge donc sa défaite cuisante de la dernière fois. La faute à pas de chance pour Anatole.
Pendant ce temps, Théo et moi commençons à lire les copies, en vue des coordinations de demain…
Jeudi 18 juillet : It’s a hard life
C’est bien sous le signe de Queen que j’attaque cette journée.
À partir d’aujourd’hui, l’équipe se scinde en deux. Les élèves d’un côté, Théo et moi de l’autre. Commençons par les élèves. L’objectif de la journée est de visiter l’université d’Oxford, l’une des plus anciennes universités au monde, et l’une des plus prestigieuses encore aujourd’hui. Chose qui m’intéresse, à titre personnel, un peu plus, c’est que c’est l’un des lieux de tournage des films d’Harry Potter. Architecturalement parlant, les bâtiments sont riches de commentaire. Malheureusement, les élèves, en charge de prendre des photos pour ce compte-rendu, n’ont pas jugé bon de prendre des photos de leur visite. Donc à la place des photos des beaux bâtiments avec les élèves devant, j’ai droit à des selfies gênants des élèves devant un miroir de vestiaire :
Le matin, les élèves ont le droit à une conférence d’une heure de la part de James Maynard, médaille Fileds 2022, connu pour ses avancées en théorie des nombres. On le voit justement présenter le contexte de sa recherche aux élèves :
Petit passage à la cantine :
La journée se poursuit avec la visite de l’université, où là comme je vous l’ai dit je n’ai pas de photos, mais à la place je vous propose cette magnifique photo de Solal :
Je remercie Akram, de l’équipe belge, pour ses photos de l’université, qui permettent de relever le niveau de ce compte-rendu. Enfin quelqu’un qui a pris la visite au sérieux. Je vous présente le “visite d’un domaine historique”-starter pack :
Après cette journée chargée d’histoire, les élèves décident de se changer les idées autour d’une partie de Fifa, largement gagnée par Oscar (vous y croyez vous ?) et finissent la journée par des jeux de société :
Passons à la journée de Théo et moi. Au programme, préparer les coordinations d’aujourd’hui et de demain. Voici venu le moment traditionnel dans lequel je raconte comment fonctionnent la correction des copies d’olympiades. Une fois que les élèves ont fini d’écrire toutes leurs idées, les copies des français sont lues par deux groupes de personnes : leurs encadrants (chef d’équipe et chef adjoint) et des correcteurs indépendants, appelés coordinateurs. La ligne entre une tentative de preuve et une affirmation complètement prouvée est parfois fine, donc les correcteurs sont aidés d’un barème précis permettant d’évaluer la progression des élèves. L’objectif de la coordination est de s’accorder sur la note méritée par l’élève. Les encadrants peuvent clarifier les raisonnements parfois flous de leurs élèves ou traduire les parties intéressantes (car oui, il y a la barrière de la langue à franchir) et les coordinateurs, qui ont lu les copies de plusieurs pays différents, garantissent l’équité dans la notation des copies des différents pays.
Sans rentrer dans les détails de cette première journée de coordination, je peux dire que Théo et moi étions très satisfaits de nos échanges avec les coordinateurs, très ouverts à la discussion sur les différentes copies et très consciencieux dans leur travail (chose qui est loin d’être systématique croyez moi). Dans le soucis de préserver les élèves du stress lié à la correction des copies, je donnerai les détails croustillants des différentes coordinations dans le compte-rendu de demain.
Vendredi 19 juillet : I can’t get no (satisfaction)
Vous allez vite comprendre où je veux en venir (ça va parler coordinations). Mais d’abord, petit résumé de la journée des élèves. Aujourd’hui les élèves, en compagnie de leur incruste belge préféré, visitaient le monument Stonehenge (mais si vous savez, les pierres qui sont en rond). Réveil un peu express pour certains, le bus partant à 8h45. Au vu de l’heure à laquelle ils s’étaient couchés la veille, avoir réussi à se lever est déjà un exploit. Heureusement, ils ont pu rattraper leur nuit dans le car :
Pour se rendre sur la colline, on pouvait marcher ou prendre un autre bus. Mais nos aventuriers ont préféré utilisé la force de leurs jambes, pour mériter leur photo devant le monument.
Les élèves, assommés par la chaleur, veulent ensuite s’allonger sur l’herbe. Malheureusement, Auguste prend un peu trop ses libertés et décide de s’allonger torse-nu. Un policier qui stationnait là lui rappelle l’attachement anglais à la pudeur
Heureusement, Akin, notre comparse belge, était là pour rehausser le niveau et a fait preuve, m’a-t-on dit, pendant tout le voyage, d’une grande retenue.
Du côté des coordinations désormais. Petit récapitulatif de la journée d’hier. Nous avions commencé par le problème 1, pour lequel il a fallu discuté d’un micro-bug dans la preuve de Serge (mais suffisamment micro pour ne pas lui coûter de points, on remercie la bienveillance des coordinateurs d’ailleurs) et de la note à donner au malheureux trou trouvé dans la preuve d’Erik. On a poursuivi avec le problème 4, pour lequel la coordination a duré 2 minutes, le temps de dire bonjour, de dire qu’on voulait 7pts pour tout le monde, de les voir nous dire qu’ils sont d’accord, de dire au revoir et de repartir. Et enfin, nous avons coordonné le problème 3, pour lequel la solution d’Anatole intrigue les coordinateurs, qui ont besoin de plus de temps pour réfléchir, et nous proposent d’en rediscuter le lendemain (pratique assez courante : une coordination est prévue pour durer 30 minutes, s’il faut plus de temps on reporte la suite de la coordination pour ne pas mettre tous les autres pays en retard).
Aujourd’hui, on commence par la coordination du problème 6. Là encore, toutes les notes sont claires sauf celle d’Anatole, dont les avancées sortent de l’ordinaire, même pour les coordinateurs qui, même après nos explications, nous proposent de nous revoir plus tard. On poursuit avec le problème 5, pour lequel nous sommes surpris deux fois : une première fois parce qu’on obtient 1pt pour Anatole et Erik sans avoir à argumenter beaucoup plus, et une deuxième fois parce que les coordinateurs ne sont pas convaincus par donner 1pt à Serge et Solal. On finit par les convaincre pour Serge, mais pour Solal on décide de reporter la discussion à plus tard. On enchaîne avec le problème 2 qui se déroule sans encombre. Mais après manger, on revoit les correcteurs du problème 3. Ils ont désormais compris la preuve d’Anatole, qui contient manifestement une petite erreur, mais ils ne sont pas sûrs désormais de la note à donner. Ils proposent donc de se revoir plus tard, n’ayant pas réussi à se décider. Il est désormais 14h et il nous reste seulement 2 notes à discuter en tout. L’impatience nous gagne en voyant nos coordinateurs prendre progressivement du retard.
Finalement, on coordonne les deux copies qui restent, nous pouvons donc aller donner leurs scores aux élèves. Vous pouvez les retrouver au compte-rendu du samedi 20 juillet.
Nous ne connaitrons les récompenses que demain matin, et bien sûr vous en serez informés dès que faire se pourra (avec France-Martin, vous êtes toujours au plus près de l’information).
Les scores reflètent le caractère particulièrement astucieux des problèmes 2 et 5 et le caractère particulièrement sévère des barèmes des problèmes 3 et 6 (et bien sûr, le niveau excellent de nos français en géométrie).
L’on décide d’aller fêter la fin des coordinations par un foot avec l’équipe. Nous sommes rejoints par 3 élèves de Côte d’Ivoire avec un jeu de jambe particulièrement impressionnant.
La soirée se poursuit jusqu’au bout de la nuit par des jeux, des rires, des anecdotes (les anecdotes d’équitation de l’enfance de Théo n’ont pas l’air d’avoir captivé les élèves cependant)… bref un soulagement maintenant que la compétition est finie et que la suite ne dépend plus de nous.
Samedi 20 juillet : We are the champions
Ce matin, réunion du jury pour décider des barres de médaille. On commence par un rapport sur le bon déroulement de l’épreuve avec quelques chiffres et anecdotes inutiles (notamment qu’un participant s’est rendu à l’épreuve avec un ananas). On poursuit avec la remise du microphone d’or, récompense remise au leader ayant le plus pris la parole pendant les réunions du jury. Et cette année, c’est Théo qui l’obtient !
On passe ensuite au vote des barres de médaille.
Les médailles sont distribuées selon le ratio 3:2:1. Cela signifie que la première moitié des participants ont une médaille de bronze (ou mieux), le premier quart une médaille d’argent (ou mieux) et le premier douzième une médaille d’or. Bien sûr, les scores permettent rarement d’appliquer exactement des quotas, il s’agit alors de voter pour donner un peu plus ou un peu moins de médailles. Après le vote, le barres sont 16 pour le bronze, 22 pour l’argent et 29 pour l’or.
Ceci donne les résultats suivants pour nos élèves :
Problème 1 | Problème 2 | Problème 3 | Problème 4 | Problème 5 | Problème 6 | Total | Récompense | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Serge Bidallier | 7 | 2 | 0 | 7 | 1 | 0 | 17 | Médaille de bronze |
Anatole Bouton | 7 | 7 | 5 | 7 | 1 | 3 | 30 | Médaille d’or |
Erik Desurmont | 4 | 2 | 0 | 7 | 1 | 0 | 14 | Mention honorable |
Oscar Fischler | 7 | 2 | 0 | 7 | 7 | 2 | 25 | Médaille d’argent |
Solal Pivron-Djeddi | 7 | 7 | 0 | 7 | 1 | 1 | 23 | Médaille d’argent |
Auguste Ramondou | 7 | 1 | 0 | 7 | 7 | 2 | 24 | Médaille d’argent |
Total | 39 | 21 | 5 | 42 | 12 | 8 | 133 |
Au classement par équipe, la France finit 21 ème sur 109 pays ! Anatole signe la troisième médaille d’or française sur ces 5 dernières années ! Mentionnons également quelques beaux résultats de nos voisins : en Belgique on compte une médaille d’argent pour Akram, une médaille de bronze de pour Akin et Robin (ça c’est pour nos voisins belges), au Luxembourg on trouve la première médaille Luxembourgeoise depuis 7 ans (et première solutions complète d’un problème de niveau intermédiaire depuis 2013) et l’Algérie remporte la première médaille d’or de son histoire !
La suite de la journée est un peu décousue. L’après-midi est consacrée à un tournoi de foot, dans lequel le résultat de nos élèves ne reflète pas leur niveau réel (enfin ça c’est ce qu’ils prétendent). Le soir, certains décident de retourner travailler leurs compétences à fifa, tandis que Théo et Erik tentent d’assister à une conférence du célèbre mathématicien Terence Tao, médaille Fields en 2006 et considéré comme l’un des plus grands mathématicien de sa génération (pour ne pas dire “le plus”). J’ai bien dit “tenter”, parce que la hype autour de Terry Tao (oui je l’appelle par son petit nom) est telle qu’il faut faire la queue pendant plus de 30 minutes pour pouvoir espérer entrer et trouver une place dans la salle de conférence. Mais leur patience paye, puisqu’ils parviennent finalement à s’installer.
On poursuit avec des jeux, enfin si on décide d’inviter Solal :
Le soir, Théo et moi avons droit à une curieuse surprise de la part de nos élèves. Ceux-ci auraient acheté un costume gonflable de coq français et l’auraient dissimulé dans leur valise (décidément Erik il avait plein de place dans ses tout petits sacs). Et ce soir était l’occasion pour Anatole de l’essayer. Il récupère une certain succès auprès des autres participants qui demandent tous un selfie avec lui.
Bref vous voyez bien que la fatigue désinhibe progressivement nos petits français. Espérons qu’ils ne veillerons pas trop tard pour ne pas être couverts de cernes sur les photos de la cérémonie de clôture de demain.
Dimanche 21 juillet : Somewhere only we know
S’il fallait mettre une impression sur cette journée, c’est bien ce sentiment de mélancolie, presque d’appréhension au moment de recevoir sa récompense (oui bon bref écoutez Keane, c’est bien Keane). La journée d’aujourd’hui s’exprime beaucoup plus par des photos que par des longues phrases. Ce matin, c’était la grasse matinée pour beaucoup d’entre nous (surtout moi). Les élèves ont décidé de s’occuper en jouant au badminton ou au ping-pong. Et apparemment, le fameux match entre Anatole et Théo, source de beaucoup de trash-talk de la part des deux adversaires, s’est soldé par une victoire nette et sans bavure 3 sets à 0 d’Anatole.
Vers 14h on se rend au théâtre The Forum pour la cérémonie de clôture, prévue pour commencer à 16h (et commençant en réalité à 16h30). Nos cinq médaillés vont s’assoir dans le parterre, tandis qu’Erik, Théo et moi nous mettons au balcon pour mieux profiter du spectacle.
Là encore, les discours sont très courts. Je pense qu’il y a maximum un seul interlocuteur qui a pris le temps de féliciter les participants. Comme l’a dit Geoff Smith, “this week, it was hard not to trip over a Field medalist”. En effet, on a eu droit à des conférences de Terence Tao, Maryna Viazovska, James Maynard mais aussi Timothy Gowers qui était là pour remettre certaines médailles…Dans les discours, on retrouve un running gag autour du problème 5, particulièrement perturbant pour les élèves (apparemment même Tao s’est trompé sur ce problème, ce qui en a rassuré plus d’un). On passe aux remises des prix, avec la traditionnelle bataille des drapeaux.
On s’empresse de rentrer à l’université pour prendre une photo tous ensemble.
Cette cérémonie fut l’occasion d’apprécier la belle performance de nos élèves, qu’Erik résume avec précision par “on est des giga chad”, ou encore “on est des quoicouchad” (oui bon celle-là je sais pas trop vous l’expliquer).
La soirée se termine avec la Farewell party, qui a lieu sur le terrain de foot de l’université. Des attractions comme à la foire (les élèves sont heureux), des food trucks de toutes les nourritures que vous voulez à volonté (je suis heureux)…
Vous penseriez que cette petite sauterie est partie pour durer jusqu’au bout de la nuit ? Mais non ! Vers 22h, tous les food trucsk ferment, les attractions aussi. Il nous reste le magnifique feu d’artifice :
Comme vous vous en doutez, les élèves ne se sont pas couchés à 22h. L’histoire ne s’arrête pas là. Mais passé 2h du matin, ce qui se passe n’est plus source d’histoires, mais plutôt de légendes…
Lundi 22 juillet : Now I long for yesterday
Je vous propose de conclure cette petite balade musicale que je vous impose depuis quelques jours par cette chanson nostalgique des Beatles, trop ignorés de puis le début de ce compte-rendu qui se voulait British-Friendly. C’est comme ça les IMO, on passe une semaine incroyable, et arrivé au bout on tourne la tête pour regarder en arrière et on a du mal à réaliser que cet évènement qu’on avait préparé et sur lequel on a projeté ses espoirs, ses doutes et ses rêves, est déjà terminé. Ou alors on fait comme Auguste et on mange un hotdog acheté dans une superette à 11h du matin.
Bref, réveil difficile ce matin. J’ai été impressionné par la discipline des élèves qui, malgré la fatigue et les courtes nuits, avaient préparé leur valise la veille et étaient prêts à l’heure du rendez-vous (bon certaines chambres étaient dans un meilleur état de rangement que d’autres).
Le groupe se sépare en deux, avec d’un côté Auguste et moi qui prenons l’Eurostar, et de l’autre Théo et le reste des élèves qui se rendent à Londres pour un séjour de visite organisé par JaneStreet. Cela signifie qu’Auguste et moi on a pris le bus de ville, alors que les autres étaient dans un “bus 4 étoiles” :
Je ne peux donc plus vous relater ce que les élèves vont faire de leurs prochains jours. Je peux seulement vous dire qu’avec Auguste on a croisé les belges à St-Pancras et que, jusqu’à 6 minutes avant le départ du train, nos billets nous indiquaient que nos places étaient dans le wagon-bar (comme on était à la gare de King’s Cross, j’avais la voix d’Harry dans ma tête qui disait “mais Hagrid, il n’y a pas de wagon 13”).
Me voilà désormais rentré chez moi. Je défais ma valise et tombe sur la peluche du nid à poussins, vide désormais des petits poussins jaunes que chaque élève a gardés. Tous les souvenirs de ces dernières années avec ces six élèves remontent d’un seul coup (madeleine de Proust quoi). Oh bien sûr, je les reverrai. Même si pour beaucoup d’entre eux, une page se tourne, les Olympiades en tant que “contestant” sont terminés, nos élèves n’en ont pas fini avec les Olympiades, et lorgnent déjà sur les postes clés de chef d’équipe et de chef d’équipe adjoint pour les prochaines éditions. Quant à Théo et moi, heureux spectateurs de leur ascension, non sans quelques larmes (“pauvres et dérisoires armes”, qui l’a ?), nous leur adressons nos félicitations pour ce début de parcours, et leur souhaitons bonne chance.