La JBMO 2022 au jour le jour

Dixième participation de la France à la JBMO avec une équipe composée de An Pha Dang, Anatole Bouton, Arthur Tézé, Lancelot Choné, Oscar Fischler et Pierre-Akin Dürrüoglu et encadrée par Théo Lenoir et Félix Breton. Le site web de la compétition est ici.

Mardi 28 juin : Départ pour Sarajevo

Après un réveil aux aurores, l’équipe se retrouve au complet à l’aéroport. À l’issue de deux vols assez peu mouvementés, nous arrivons à Sarajevo, où nous sommes accueillis par les organisateurs (en l’occurrence organisatrices) de la JBMO, qui nous emmènent à l’hôtel où nous serons hébergés, et où la compétition aura lieu.

Arrivée à Sarajevo

La première chose qu’on remarque (surtout Arthur, qui porte un manteau noir par dessus son T-shirt) est qu’il fait chaud. La température atteint 33 degrés (ce qui sera le cas toute la semaine selon les prévisions), et le soleil brille d’autant plus que Sarajevo est à la latitude de Marseille. Comme à chaque compétition de ce type, le chef d’équipe (en l’occurrence Théo) nous quitte pour aller assister de son côté aux réunions du jury et traduire les problèmes, et c’est avec une tristesse atténuée uniquement par la perspective de le revoir jeudi que l’équipe se sépare de Théo.

L’absence de l’adulte responsable se ressent immédiatement sur le sérieux du groupe

Certains petits malins ont fait leurs recherches avant de venir et ont remarqué que l’hôtel dispose d’une piscine, tandis que d’autres n’y ont pas pensé et ont oublié de prendre un maillot, on se rend donc dans un centre commercial pour en acheter.

Un centre commercial bosnien, qui n’est pas très différent d’un centre commercial français

En sortant du magasin de vêtements, la faim se fait sentir (il est environ 16 heures), et on va manger dans un restaurant italien qui présente l’avantage d’être situé dans le centre commercial.

Seuls les candidats sages ont eu le droit de manger

Les plats (pâtes ou pizza) coutent environ 6 euros, mais en discutant plus tard avec une locale, ce restaurant nous est décrit comme étant un des plus chers de la ville, ce qui suggère des prix défiant toute concurrence dans les autres restaurants.
Les candidats étant plus motivés par la visite de la piscine que par celle de la ville (la chaleur y est peut-être pour quelque chose), on passe la fin de l’après-midi dans la piscine située au sous-sol de l’hôtel, à jouer à chat et à faire fuire les autres clients en les éclaboussant nager calmement.

Et à se reposer au bout de la piscine

Après la piscine, il est déjà temps de diner, dans le restaurant étonnamment vide de l’hôtel. Un candidat qui préfère garder l’anonymat profite du buffet à volonté pour prendre 7 parts de desserts (et en voler un peu plus au chef de délégation adjoint). Enfin, les candidats rentrent dans leurs chambres pour réfléchir à un problème de géométrie qui nous a été soumis par l’équipe d’Arabie Saoudite, puis dormir (du moins c’est ce qu’ils affirment, étant dans une chambre séparée, je n’ai aucune preuve du fait que les candidats dorment effectivement).

Le problème saoudien

Demain, la journée devrait être tranquille, la seule activité prévue pour nous étant la cérémonie d’ouverture.

Mercredi 29 juin : À l’Est, rien de nouveau

Aujourd’hui, il ne s’est (comme prévu) pas passé grand chose. Comme il n’y a rien de prévu le matin, les candidats reviennent à la piscine. Certains profitent de la matinée pour résoudre le problème saoudien (mais qu’ont ils fait hier soir alors ?). Dans l’après-midi, c’est la cérémonie d’ouverture : on prend le bus pour se rendre à une salle de concert (située à 15 minutes à pied de l’hôtel, mais les organisateurs ont du se dire que le bus éviterait les retards), où alternent des discours (courts) de divers dignitaires sarajéviens et des spectacles musicaux allant du choeur d’enfants en playback à la danse folklorique locale.

Le bâtiment où a eu lieu la cérémonie

Les équipes défilent ensuite une à une sur la scène, généralement avec leurs drapeaux.

L’équipe française avec son drapeau
Ons nationale team met zijn vlag

Théo est présent à la cérémonie, comme tous les chefs d’équipe, mais reste à part et repart seul. En effet, comme les chefs d’équipe connaissent les problèmes (ce sont eux qui les traduisent dans leurs langues), ils sont séparés de l’équipe jusqu’à la fin de l’épreuve.

On rentre en bus à l’hôtel (certains auraient préféré rentrer à pied pour voir un peu la ville, mais l’appel de la climatisation a été plus fort pour la majorité de l’équipe), puis c’est le retour à la piscine jusqu’au diner.

Ce soir, les candidats se couchent tôt : en effet, l’épreuve aura lieu demain matin.

Jeudi 30 juin : Le grand jour

Aujourd’hui, c’est le jour tant attendu de l’épreuve. Après le petit-déjeuner, les candidats se rendent dans une grande salle de l’hôtel pour y affronter 4 exercices pendant 4 heures et demi. Pendant ce temps, les chefs des équipes se réunissent pour se mettre d’accord sur la manière de noter les copies.

Le calme avant la tempête

(les problèmes sont disponibles sur AoPS)

L’épreuve commence (et finit) en retard, mais la réunion des chefs s’éternise encore plus, et ce n’est qu’à 14h30 que la délégation se retrouve enfin au complet pour aller manger. On discute alors du sujet.

Le premier problème était une inégalité qui a été bien réussie par l’équipe, tandis que le second, qui était de la géométrie a posé plus de difficultés.

Pour le troisième problème (une équation diophantienne), la plupart des candidats ont choisi de sortir l’artillerie lourde : le théorème de Zsigmondy, un théorème assez avancé qui n’était pas nécessaire pour résoudre le problème, mais qui en a aidé plus d’un à avancer dans sa preuve. Il faut dire que ce théorème avait été révisé la veille dans la piscine.

L’équipe a obtenu assez peu de résultats sur le quatrième (et plus difficile) problème, à l’exception d’Anatole, qui affirme l’avoir résolu entièrement.

On revient ensuite à la piscine pour se détendre après cette matinée fatigante. C’est l’occasion de discuter avec les autres équipes (et de jouer à la passe à dix avec les roumains).

Après le diner, les candidats jouent à des jeux de société (notamment au Gobbit, une sorte de bataille corse qui se joue avec des cartes représentant des animaux), tandis que les encadrants s’amusent à relire les copies. Dans les deux cas, ça continue jusque tard dans la nuit.

Une bonne copie c’est comme un bon film : du suspens, des choses pas toujours très claires, et à la fin c’est (souvent) le gentil élève qui gagne face au méchant problème

Demain, les candidats iront visiter la ville, tandis que les leaders débattront des notes avec les coordinateurs.

Vendredi 1 Juillet : Coordinations et tourisme

Pour s’assurer que les copies sont notées de manière juste, la JBMO utilise un système de coordinations : des coordinateurs, généralement du pays organisateur corrigent les copies, pendant que les chefs de délégation font leur propre correction (évidemment avec une certaine générosité). Des sessions de coordination ont ensuite lieu, où leaders et coordinateurs se mettent d’accord sur la note à attribuer à chaque copie. Dans les rares cas où on ne parvient pas à trouver un accord, il faut se référer au “problem captain”, un spécialiste du problème en question, généralement l’auteur du barême.

Les coordinations vont assez vite, et si certaines équipes se lancent dans de longs débats avec les coordinateurs, la grande majorité de nos copies obtiennent les notes escomptées, et à une exception près (une copie particulièrement difficile à comprendre), on parvient à se mettre d’accord sur les notes rapidement. Finalement, après relecture, les correcteurs reconnaissent la validité du raisonnement, et la copie en question obtient une note de 10.

Pendant ce temps, les candidats font le tour des attractions touristiques de Sarajevo, et dégustent la spécialité locale : le kébab, ou ćevapi en bosnien. N’étant pas présents, nous avons collecté les témoignages suivants au sujet de cette visite de la ville :

C’était intéressant, passionnant, enrichissant.
Il faisait chaud.
J’avais un beau chapeau.
Le repas était très bon.
À travers le soleil fort, ma faim grandissait de plus en plus.
Le seul zoo de Sarajevo ne contient que des animaux en plastique.

(la véracité de ces témoignages n’a pas été contrôlée)

Après le désormais traditionnel passage à la piscine, les leaders se réunissent pour discuter des médailles : la barre du bronze est à 11 points, celle de l’argent à 21 points et l’or à 37 points. Bilan l’équipe obtient une médaille de bronze, trois d’argent et une d’or, un des meilleurs résultats français à la JBMO ! L’équipe finit même sixième au classement par pays ! Anatole obtient un score parfait, le second après celui d’Alec à l’édition 2019.

NomProblème 1Problème 2Problème 3Problème 4TotalRésultat
Anatole Bouton1010101040Médaille d'or
Lancelot Choné10110021Médaille d'argent
An Pha Dang610310
Pierre-Akin Dürrüoglu10108028Médaille d'argent
Oscar Fischler10110021Médaille d'argent
Arthur Tézé10010020Médaille de bronze

Le soir, la délégation se réunit pour jouer à Shadow Hunters et regarder Mission: Impossible avec des sous-titres en bosnien (ça n’aide pas à comprendre).

Demain, une visite de la ville bosnienne de Mostar (célèbre pour son pont) est prévue, suivie de la cérémonie de clôture de la JBMO

Samedi 2 juillet : Vive les ponts

Aujourd’hui, nous disons adieu à Félix qui part un jour en avance, profitant d’un dernier petit-déjeuner en sa compagnie, avant son départ. Celui-ci se réjouit déjà est triste de dire adieu à nos 6 garnements.

Dernier repas avec Félix

Nous partons alors en excursion sur le thème des ponts : tout d’abord un arrêt à Jablatika au musée de la bataille pour les blessés sur la rivière Neretva. En effet, lors de la bataille de Neretva, les bosniaques ont détruit un grand pont afin de bloquer l’ennemi de l’autre côté de la rivière. Mais une fois l’ennemi parmi, pour sauver les blessés parmi leurs rangs, ils ont reconstruit en moins de 24 heures un pont similaire, afin de traverser la rivière. En 1969, le film “La bataille de la Neretva” y a été tourné, et le réalisateur a dû à nouveau détruire un pont pour que le film soit réaliste (à l’époque les effets spéciaux étaient significativement plus limités).

Un petit pont

Ensuite nous arrivons à Mostar, connue pour son fameux pont. Régulièrement, certains plongent du haut du pont de Mostar (pourtant haut de 29 mètres) pour le plus grand bonheur des touristes (et de l’équipe).

Sur le pont de Mostar, on y danse on y danse

Etant donné la température très élevée à Mostar (39 degrés, soit 5 degrés de plus qu’à Sarajevo), une pause glace est approuvée à l’unanimité, pour le plus grand bonheur de chacun.

Les ponts c’est bien, mais les glaces c’est mieux !

Une fois rentré de Mostar, les élèves profitent une dernière fois de la piscine, puis vient le moment tant attendu : la cérémonie de remise des médailles. Les médailles sont attribuées au fur et à mesure, jusqu’au point culminant de la soirée : la distribution des médailles d’or, consécration pour les tous meilleurs élèves ayant plus de 37 points !

Anatole et sa médaille d’or
L’équipe française et son dégradé de médailles

Après quelques jeux et discussions sur cette année de participation à la POFM, chacun va se coucher en prévision du retour à la maison demain.

Dimanche 2 juillet : Retour à la maison à Sarajevo

Après un réveil tardif et un bon petit-déjeuner, chacun s’active pour finaliser la préparation de ses valises (souvent bien pleines avec le sac et les différents goodies de la JBMO). Au moment du départ, un candidat se rend compte que, comme il était plus concentré sur son portable que sur ses poches, son portefeuille est resté à l’hôtel, et arrive à le retrouver in extremis.

Après un court trajet en bus, on se retrouve à l’aéroport où après quelques déambulations, nous apprenons que notre correspondance a été supprimée sans qu’on en ait été averti (d’où l’absence de photo pour ce jour de compte-rendu suite à ce léger problème). Bilan nous repartons pour un nouvel hôtel où nous commençons par déjeuner, puis l’après-midi est marquée par la découverte de la piscine, qui nécessitait le port de jolis bonnets de bains parfois légèrement difficile à mettre (et donnant évidement une allure “intéressante” à chaque participant).

Après un dîner un peu laborieux suite à quelques incompréhensions du côté des serveurs, nous allons gentiment nous coucher pour être en forme pour le vrai retour à la maison le lendemain.

Lundi 3 juillet : Retour à la maison et classe à la française

Tout le monde se retrouve pour un bon petit-déjeuner devant un buffet pantagruélique, et à la surprise générale, nous retrouvons Arthur en costume. En effet, celui-ci n’a plus d’autres habits en raison du jour supplémentaire à Sarajevo.

Arthur et son fameux costume

Au moment du départ, on se rend compte qu’à nouveau un portefeuille a été oublié à l’hôtel. Après fouille de la chambre d’hôtel, l’élève en question ramène à notre surprise un blouson appartenant à un autre candidat : le portefeuille avait été retrouvé intact à la réception de l’hôtel.

Finalement le vol jusqu’à Vienne se déroule sans encombre, et le long délai de correspondance (accentué par un léger retard du vol suivant) permet à chacun de manger un morceau dans un des différents restaurants de l’aéroport : certains optent pour du sucré pour un goûter en raison de l’heure tardive, d’autres préfèrent goûter le pâté de viande autrichien.

Une dernière photo de l’équipe au complet

Finalement le retour à Paris se passe sans encombre, puis chacun se sépare pour rentrer chez lui, avec des souvenirs inoubliables de cette parenthèse bosniaque pour la JBMO 2022 (et du costume d’Arthur aussi).

Arthur prenant la pause

Mais ce n’est qu’un début pour chacun dans les mathématiques olympiques : les élèves se reverront pour certains au stage de Valbonne, Akin et Lancelot ont encore l’opportunité de participer l’an prochain à la JBMO, Akin, Anatole et Oscar ont rendez-vous dans peu avec l’OIM, une olympiade plus compliquée car concernant tous les collégiens et lycéens du monde (et non pas que les juniors), à laquelle peut-être les autres participeront également prochainement !