La BMO 2023 au jour le jour

Cette année, la France participe à la BMO (Balkan Math Olympiad) pour la première fois depuis 2016. L’équipe est composée de Serge Bidallier, Anatole Bouton, Charles Dai, Gaëtan Dautzenberg, Oscar Fischler et Auguste Ramondou, encadrés par Baptiste Serraille (chef de délégation) et Rémi Lesbats (chef de délégation adjoint). La compétition se déroule du 8 au 13 mai à Antalya, en Turquie.

Jour 1 : Direction la Turquie !

De bon matin, la majorité de l’équipe se rassemble à Châtelet-les-Halles pour le départ vers l’aéroport. Certains sont légèrement en retard mais nous ne donnerons pas de noms pour ne pas mettre en cause l’auteur de ce compte-rendu, qui s’est retrouvé bloqué par les célébrations du 8 mai. Nous retrouvons Charles à 8h à l’aéroport comme prévu, et procédons à l’enregistrement. Cela prend un temps fou, mais nous avions prévu de la marge pour ça. Le passage de la sécurité est encore plus chronophage pour Charles qui doit faire la queue dans l’interminable file “tous passeports”. A 35min de l’heure prévue pour le décollage nous n’avons pas encore passé la sécurité. Ce nouvel obstacle ne fut pas sans encombre, la faute à un élève blond anonyme qui oublie plusieurs consignes de sécurité basiques (malgré les multiples rappels ciblés). Finalement, nous arrivons à la porte d’embarquement un quart d’heure avant le décollage. C’est le moment que choisissent nos élèves pour demander à aller aux toilettes, faisant honneur à leur légendaire sens du timing et des priorités. Cela dit, vu les nombreux problèmes auxquels nous avons été confrontés, nous nous doutons que nous sommes loin d’être les derniers, malgré le très confiant “expected on time” affiché 5min avant le décollage alors que la majorité des passagers font encore la queue.

Pendant les laconiques consignes de sécurité en turc, un élève mal réveillé me dit “Rémi, tu peux leur demander de me laisser dormir ?”. Enfin, le pilote nous annonce que l’avion est trop lourd pour décoller. Après avoir échangé un regard, Baptiste et moi comprenons que cela est dû au poids excessif des six boulets de la rangée 20. Finalement, nous décollons avec 1h20 de retard.

La rangée 20

Après 4 virages serrés à droite et une sérieuse remise en questions du sens de l’orientation du pilote, nous voilà lancés. Le vol commence très calmement, mais ce n’était qu’une illusion destinée à nous mettre en confiance. Le voyant “merci d’attacher vos ceintures” reste allumé pendant presque trois heures consécutives, au cours desquelles nous ressentons régulièrement des turbulences. Le repas est payant mais plutôt satisfaisant (plus que tout type de gratin de pâtes au sucre d’une certaine autre compétition ). Anatole en profite pour nous vanter les mérites des spécialités culinaires de “l’Europe du Milieu”.

En plat du jour, le chef vous propose sa célèbre salade de trémas.
Notez le demi-citron et la mini bouteille d’huile d’olive

Enfin nous apercevons la mer par nos hublots, ce qui annonce l’arrivée en Turquie. Nous atterrissons avec 45min de retard mais une météo qui nous fait instantanément oublier nos chagrins. Première réflexion de Serge à l’atterrissage en réponse à une question d’Oscar : “plus que 1 jour 16h avant l’épreuve”. On voit que certains n’ont pas perdu le sens des priorités. Nous faisons connaissance avec des organisateurs qui sont ravis de nous voir enfin arriver. Il est alors temps de se séparer de Baptiste, qui part vers l’hôtel des leaders découvrir les exercices proposés pour la compétition. Nous n’aurons donc plus d’interaction avec lui avant mercredi. Il prodigue ses derniers conseils aux élèves avant de nous quitter, très heureux de se délester de la responsabilité des élèves.

Ce n’est qu’un au revoir

Pour nous, le programme est plus joyeux. Nous découvrons avec bonheur notre magnifique et luxueux hôtel, et en particulier ses grandes piscines à ciel ouvert à deux pas de la mer. Le temps de poser nos affaires et nous partons faire trempette avant le dîner. C’est notamment l’occasion de parler stratégie en prévision de l’épreuve et de répéter certains conseils tout en détente. C’est maintenant que je vous dévoile la supercherie du jour : tout le compte-rendu jusqu’à cette phrase a été écrit dans l’avion vers midi, mais il s’est avéré étonnamment proche de la réalité (encore une prédiction que je vérifierai ce soir à la relecture).

Oui oui, le toboggan géant et la piscine font partie de notre hôtel et sont accessibles librement
Evidemment il fallait bien quelqu’un pour essayer de me couler pendant la photo de groupe (crédit : Charles)

Voici donc la suite rédigée le soir comme prévu. Les élèves, complices de ce gag, avaient à cœur de m’épargner des heures supplémentaires, donc le planning du compte-rendu a été suivi à la lettre. J’ai appris un nouveau jeu aux élèves à la piscine, ce qui a donné lieu à quelques vidéos mémorables. Malgré de nombreuses tentatives de noyades (pour raisons légales il s’agit d’une blague, enfin du moins je crois) on peut dire que cette petite baignade nous a tous bien détendus. Nous enchaînons sur la partie la plus impressionnante de la journée : le dîner. Le plus grand buffet à volonté que j’aie vu de ma vie s’étend devant nous, nous avons le choix entre des dizaines de plats variés, avec des entrées en tout genres et une quantité astronomique de desserts sublimes. Les élèves s’empressent de remplir leurs assiettes, et nous obtenons six repas entièrement différents en n’ayant fait qu’effleurer l’infinité de possibilités.

Voici une photo d’un des 4 côtés de l’un des 3 stands de desserts…
On notera certaines combinaisons… audacieuses

Le dîner fut largement apprécié de l’avis général. Les élèves étaient plus motivés à l’idée de prendre des risques aux comptoirs des desserts, Gaëtan s’avouant finalement vaincu par “la pâtisserie la plus sucrée de sa vie” qui était “plus grasse qu’un kouign amann” selon son témoignage. 

Après le dîner, nous lançons une petite partie d’Undercover pour se rappeler au bon souvenir du RMM, en attendant que la guide nous donne les consignes du lendemain. Nous sortons alors nous asseoir dans le hall, et nous sommes rejoints par les élèves de l’équipe de Bosnie. Ils sont très chaleureux et s’installent avec nous rapidement. C’est l’occasion pour moi de constater le niveau d’anglais désastreux de mon équipe. A l’inverse, les Bosniens sont très à l’aise et animent la conversation, donc certains français de bonne volonté réussissent à communiquer avec eux, quitte à me demander des mots. Nous échangeons des détails sur le fonctionnement de nos préparations olympiques respectives, nos cours d’histoire, nos systèmes scolaires (la moitié de l’équipe a voulu déménager en Bosnie quand ils compris qu’ils avaient cours uniquement le matin une semaine sur deux et uniquement l’après-midi l’autre semaine) et plusieurs autres sujets intéressants pendant plus d’une heure.

Au moment de se séparer, Auguste prend les coordonnées des Bosniens

Enfin, il est l’heure d’aller se coucher, mais pas avant de leur proposer de se joindre à nous pour un match de foot demain. Les Algériens arrivent à ce moment (soulagement général en apprenant que les Algériens sont francophones), et sont invités également. Les contacts sont échangés et tout le monde part se coucher. J’ai l’occasion de rappeler aux élèves que la démocratie ne fait pas partie de mes principes quand ils essayent de négocier l’heure de rendez-vous pour demain matin, donc finalement 8h30 est accepté à l’unanimité.

Jour 2 : A la rencontre des autres pays

Comme prévu, le petit déjeuner fut aussi impressionnant que le dîner de la veille. Une multitude de petits pains, de fruits ou de diverses préparations à base d’œufs et de viande nous tendent les bras. La seule difficulté est de se restreindre pour ne pas rentrer en France avec un chiffre en trop sur la balance. Il nous reste environ une demi-heure pour nous promener avant le rendez-vous avec la guide, donc nous faisons un tour de l’hôtel. Les élèves ne me croient pas quand je leur pointe du doigt une tortue, ils pensent qu’il s’agit d’une décoration. La décoration en question nous fait sentir son indignation par un hochement de tête bien senti, mais tolère tout de même de se laisser prendre en photo avec Oscar.

Oscar et Franklin font connaissance

Puis nous arrivons à la plage, mais ne nous aventurons pas plus loin pour ne pas mettre de sable dans nos chaussures (ce n’est que partie remise). A 10h20 nous retrouvons la guide et échangeons avec elle, ainsi que la guide de l’équipe italienne. Celle-ci doit voyager à Lyon prochainement et profite des recommandations d’Auguste, qui lui met des étoiles plein les yeux à coups de fête des lumières et de pralines. Cette réunion précédant la cérémonie d’ouverture est accompagnée d’une “légère” collation, sur laquelle se rue notamment Anatole qui n’avait pas mangé depuis plus de 45 minutes.

Les couleurs étonnantes des macarons attirent l’œil de nos fauves

A 11h, la cérémonie d’ouverture débute. Les traditionnels discours introductifs s’enchaînent. Azer Kerimov, le chef du comité scientifique, réveille un peu la salle par son style un peu plus vivant. Il en profite pour adresser quelques conseils aux élèves : “ne faites pas d’erreurs de calcul bêtes”, avant de nous rappeler qu'”il existe trois types de mathématiciens, ceux qui savent faire des additions et ceux qui ne savent pas en faire”.

S’ensuit un bref spectacle de danse qui déconcerte notre guide, qui nous explique que ça ressemble à une modernisation d’une ancienne danse traditionnelle, ce qui n’a pas beaucoup de sens. Enfin, toutes les équipes sont appelées à se lever dans l’ordre alphabétique. Certains sont plus originaux que d’autres, on a notamment apprécié les chapeaux azéris, mais nous ne sommes pas en reste avec notre code couleur vestimentaire respecté à la perfection.

De gauche à droite : Rémi, Anatole, Charles, Oscar, Auguste, Gaëtan et Serge. Mais surtout 7 sourires !

La cérémonie s’achève sur l’entrée du groupe “Rainbow”, venu nous interpréter quelques classiques tels que Uptown Funk. L’objectif était de faire danser la salle, mais à 11h30 dans une salle entièrement assise, la tâche s’annonçait rude. Les guides tentent de traîner les élèves de leurs sièges, mais sans grand succès. On ne peut pas leur reprocher de ne pas avoir reconnu Michaël Jackson vu leur âge à sa mort, en revanche la foule commence enfin à se lever pour Dance Monkey. Finalement, une grande chenille est lancée et la bonne humeur se fait ressentir. Auguste est le plus motivé et réussit même à initier quelques pas de danse groupés avec d’autres équipes.

Notre guide, très heureuse d’avoir réussi à traîner Anatole dans la chenille

La journée se poursuit par le déjeuner (important de manger toutes les heures), et notre guide nous entraîne au “snack bar”, qui sert en fait des plats chauds d’excellente qualité ainsi que des desserts similaires à ceux d’hier soir. La guide de l’équipe italienne se joint à nous, et me recommande le dessert local, un croisement entre un flan et un riz-au-lait. D’autres s’aventurent sur des choix plus obscurs, probablement attirés par les couleurs vives : “si c’est rose c’est forcément bon” m’explique Serge. Démuni par cette logique implacable, je me bornerai à relater les faits sans émettre de jugement.

Déjeuner en terrasse, merci à la guide des italiens pour la photo au complet !
Il y a plus de colorant alimentaire que de fruits dans certains gâteaux, heureusement qu’il a pris une pomme pour compenser.

Puis vient le vrai point culminant de la semaine : le match de foot ! Cette initiative collective des français (Anatole m’a demandé d’apporter ma balle en Turquie, Auguste a pris les contacts des autres équipes) à laquelle l’équipe entière participe fut un succès. Les Algériens sont les premiers arrivés donc nous commençons à jouer contre eux, puis nous intégrons les Roumains aux deux équipes au fur et à mesure qu’ils arrivent. Auguste et Anatole combinent bien en attaque, pendant que la défense de fer de Serge, bien épaulé par Charles et Gaëtan, aura permis à notre gardien Oscar de passer un match assez tranquille. Le score est serré grâce à un but du deputy leader de chaque équipe, mais finalement la supériorité tactique des français est démontrée par… Andrei, notre transfuge roumain auteur de l’ouverture du score et du but en or. Nous sommes soulagés d’avoir fait honneur à notre réputation, et repartons avec le sentiment que la plus grosse épreuve de la semaine est derrière nous.

Serge enfonce le clou en marquant un pénalty contre Maya, l’adjointe algérienne, après la fin du match.

Vient alors l’heure d’aller se rafraîchir, et un petit tour à la piscine s’impose. Aujourd’hui les toboggans sont ouverts, et nous sommes tous ravis de replonger en enfance. Après sa deuxième descente, Serge nous explique fièrement qu’il a “compris comment ça marchait”. Les deux toboggans symétriques permettent d’improviser des courses, tandis que le large toboggan arc-en-ciel nous pousse à improviser toutes sortes de mini-jeux. Devant la violence de la scène qui en découle, j’ai failli préférer vous montrer un documentaire sur la langouste, mais voici tout de même un souvenir pour la postérité :

Je vais m’abstenir de mettre une légende à cette photo

Vers 17h, nous décidons d’aller prendre une glace au stand à proximité, puis discutons du programme de la fin de journée. En effet, demain étant le grand jour, il faut s’organiser pour tout préparer ce soir et être dans de bonnes dispositions pour se coucher tôt et bien dormir. Il est convenu d’aller faire un jeu calme dans une chambre avant le dîner. Après les douches (enfin j’espère), nous nous retrouvons donc tous dans la chambre d’Oscar et Serge pour quelques parties de Loup-Garou pour une nuit qui nous apprennent que la maîtrise des probabilités n’est pas forcément acquise, même chez des élèves aussi brillants.

Puis nous dînons à 19h30, avec pour consigne de ne pas manger trop pour mieux dormir ensuite. Plus facile à dire qu’à faire : de nombreux nouveaux plats et desserts, dont je ne vanterai pas à nouveau les mérites, viennent remplacer ceux d’hier. La surprise du jour est la présence de pâte feuilletée dans notre tiramisu : visiblement, cet ingrédient est incontournable en Turquie. Une fois repus, nous parlons stratégie : quelques dernières consignes sur la rédaction des copies et des brouillons sont répétées, ainsi que quelques conseils sur l’ordre dans lequel attaquer les problèmes et le temps à consacrer à chacun. L’essentiel à retenir est surtout de bien s’amuser et de faire au mieux, sans pression ! Enfin, quelques parties relativement calmes d’Undercover viennent clore la soirée et nos champions partent se coucher vers 22h.

Jour 3 : Jour de compétition !

Ce matin, tout le monde se lève assez tôt pour être bien réveillé au moment de l’épreuve et ne pas être pressé par le temps. Nous nous dirigeons vers le petit-déjeuner où il est à nouveau recommandé de manger léger, quitte à manger plus pendant la matinée. Auguste m’en voudrait probablement de raconter qu’il trempe ses oranges dans son nutella, donc je vais plutôt vous dire que le repas se déroule très bien dans la bonne humeur. Quelques petits pronostics sont échangés sur les ordres de problèmes, entre sujets de rêve et calvaire potentiel. Gaëtan s’avance : “je veux un P3 ou P4 de géo que je vais trouver pour prouver à Martin que je sais faire de la géo”. Auront-ils raison ? Nous le découvrirons bientôt ! En attendant, il est presque l’heure de commencer, donc je suis séparé des élèves, pour qu’ils soient installés dans la salle d’épreuve par les guides. Il est temps pour moi d’aller retrouver Baptiste et de découvrir le sujet !

Une dernière photo avant d’entrer dans la salle. L’équipe est concentrée et déterminée !

Pendant que je cherche les problèmes de mon côté, Baptiste assiste à la réunion de discussion des barèmes. Celle-ci s’éternisant, les leaders ne se rendent même pas compte que l’épreuve est déjà terminée ! Je recueille les impressions des élèves, qui ont l’air globalement déçus au premier abord. Cela dit, ils se rassurent mutuellement en voyant qu’ils ont tous fait plus ou moins les mêmes choses. Tout le monde pense avoir résolu le premier problème, une équation fonctionnelle assez classique mais où il faut être soigneux. Le problème 2 a en revanche piégé nos candidats, il nécessitait de connaître un lemme de géométrie dont personne ne s’est souvenu. Le problème 3 était intéressant et leur a donné des idées plus ou moins abouties, tandis que le problème 4 était extrêmement difficile et n’a presque rien donné. Nous partons déjeuner, et il est décidé de parler d’autre chose, mais ce n’est pas facile car les élèves veulent connaître les solutions des exercices qu’ils n’ont pas résolu et savoir ce que tout le monde a fait.

au secours nous avons été enlevés par rémi le lutin machiavélique [NDLR : à ce stade Anatole a pris le contrôle de mon ordinateur]

Les élèves sont impatients de faire découvrir la piscine à Baptiste, donc nous partons profiter du beau temps directement après le déjeuner. Séance de rattrapage sur les toboggans pour certains, concours de sauts et de jeux variés pour les autres, tout le monde s’amuse et oublie l’épreuve. Auguste, Anatole et Gaëtan cherchent à noyer leurs leaders, mais se souviennent que leurs copies sont entre nos mains et nous laissent la vie sauve. Quand tout le monde commence à fatiguer, la pause s’impose, et nous nous dirigeons vers le stand de beignets à volonté qui se fait promptement dévaliser.

Beignets après s’être baignés

Pour Baptiste et moi, l’heure est venue d’aller récupérer les productions de nos champions. A 18h, nous attendons comme prévu devant la salle du jury, où on nous annonce qu’il y aura une demi-heure de retard sur l’impression des copies (nous les recevrons finalement à 19h30). En attendant, nous échangeons avec plusieurs leaders, et en particulier le Bulgare qui descend cocktail sur cocktail et menace les coordinateurs de ne pas être sobre pour la coordination de demain si les copies n’arrivent pas bientôt. 

A 20h, nous retrouvons les élèves et la guide pour notre premier repas au complet, autour d’une grande table ronde du restaurant. C’est l’occasion pour Baptiste et moi de dire ce que nous pensons vraiment des élèves, mais en anglais, donc la guide hésite entre rire et pleurer et certains élèves se vexent sans tout à fait comprendre pourquoi. Nous parlons notamment d’Anatole, qui n’avait pas compris que “restroom” signifiait simplement toilettes, et s’imaginait déjà une sorte de salle de repos. Malheureusement, nous ne pouvons pas rester trop longtemps puisque nous avons beaucoup de copies à lire donc nous nous éclipsons rapidement.

Pour ne pas que ce compte-rendu soit trop long, je vous laisse un résumé de notre soirée en images. Nous avons tout de même l’occasion de nous émerveiller devant certaines idées de nos élèves, ou le premier paragraphe d’une copie de Gaëtan qui contient plus de points que de lignes.

La fameuse décomposition en facteurs premiers de 0
Il est 2h18 et je cherche du sens à ma vie
Quand il est 2h passées et qu’il te reste la copie de Gaëtan en projective à lire

Dans la chambre voisine, nos voisins bulgares toujours légèrement éméchés semblent bien s’amuser sur les copies de leurs élèves, puisqu’on entend régulièrement de grands éclats de rire résonner à travers les murs. Puis, à l’occasion d’un moment calme, Baptiste et moi entendons un bruit de fond que nous n’avions pas remarqué jusqu’alors : il s’agit des ronflements des Bulgares qui ressemblent à s’y méprendre à une tronçonneuse tournant à vide, ce qui provoque un grand fou rire chez nous. Nous spéculons sur lequel des deux leaders est responsable de ce vacarme, et supposons que nous serons capable de le deviner en voyant à leurs têtes lequel des deux à réussi à dormir. 

Pendant ce temps, les élèves ont à nouveau parlé avec les Bosniens, qui leur ont donné un défi à résoudre. Cette énigme leur avait, semble-t-il, été posée par les Grecs, qui les avaient torturé pendant plusieurs jours. Ils s’étaient alors vengés sur les Turcs et voulaient en faire de même avec nos Français, mais on me rapporte qu’Oscar a craqué le code beaucoup trop vite pour cela. L’équipe part donc fièrement se coucher !

Jour 4 : l’heure des résultats !

Ce matin, tout le monde se lève (encore) de bonne heure. Les coordinations débitent à 9h30 tandis que les élèves ont rendez-vous à 9h pour partir en excursion. Après un petit-déjeuner rapide, chacun part de son côté. 

Les élèves partent voir une chute d’eau impressionnante qui finit sa course dans la mer ainsi qu’un vieil amphithéâtre. Je n’ai pas eu beaucoup de retours sur l’excursion, mis à part quelques photos prises par la guide, donc voici un florilège de citations variées (dans l’ordre dans lequel elles sont venues) :

“Le parc fitness était incroyable”

“Les anglais ont dit qu’on parlait mieux anglais que eux ne parlent français”

“Les bulgares parlent trop bien français”

“On a eu un débat sur comment compter le nombre de places de l’amphithéâtre”

“Il faisait chaud”

Charles est trop occupé à compter des marches pour regarder la caméra
Les élèves se plaignent de prendre trop de photos de groupe
Serge insiste pour que j’ajoute cette photo dans ce compte-rendu

Ils étaient suivis partout par une photographe, qui était déjà avec nous dans le bus le premier jour pour nous filmer en train d’avoir l’air heureux d’être là. Elle a visiblement un script écrit à l’avance, puisqu’elle nous a fait rejouer deux fois notre sortie du bus, et elle semble avoir refait la même chose pendant l’excursion. Gaëtan a même eu la chance d’être interviewé pour répéter des phrases qui lui avaient été données à l’avance.

Du côté des coordinations, tout se passe excellemment bien. Nous obtenons tous les points que nous espérons (parfois plus), et les coordinateurs sont extrêmement compétents. Chacun prend le temps de comprendre les arguments des autres, et nous tombons donc d’accord très facilement. Notre seul problème est pour la copie de géométrie d’Anatole, qui vaut 4 points selon le barème, mais nous pensons que son approche intéressante du problème permet d’aller plus loin. Les coordinateurs reconnaissent qu’il a de bonnes idées, et nous proposent de prendre le temps d’essayer de compléter sa solution, ce que nous n’avions pas eu le temps de faire complètement (Baptiste n’avait que des pistes). Nous sommes donc reprogrammés pour 14h, et partons déjeuner. L’atmosphère en terrasse au soleil est propice à faire de la géométrie, et nous finissons par réussir à compléter l’argument d’Anatole ! Un des coordinateurs, qui était réellement intéressé par le problème et la géométrie et pas juste là pour faire son travail, passe même nous voir pour savoir où nous en sommes et si nous avons eu des idées. Finalement, quand nous retournons les voir avec une preuve complète et rédigée, ils nous accordent 6 points ! On remercie notamment Charles pour la qualité de ses copies, qui n’ont nécessité aucune discussion quelque soit le problème, ce qui nous a donné plus de temps pour trouver des points chez les autres élèves.

Après avoir fini le dernier problème, nous retrouvons l’équipe à 15h pour leur annoncer les résultats, récapitulés dans le tableau ci-dessous. Finalement, malgré la déception relative en sortant de l’épreuve tout le monde s’en sort très bien ! La compétition était dure pour tout le monde, en particulier le problème 4, pour lequel seuls 7 candidats ont obtenu plus d’un point, et qui n’a été résolu parfaitement que par un élève roumain. 

ProblèmeP1P2P3P4Total
Serge Bidallier1034118
Anatole Bouton1063120
Charles Dai10010121
Gaëtan Dautzenberg10510126
Oscar Fischler1032116
Auguste Ramondou1007118

En attendant de connaître les barres de médailles, direction le terrain de foot où les Roumains et les Grecs nous attendent. La légende raconte qu’avant de commencer le match, Auguste aurait dit “eh les Roumains, vous êtes des Roumaines !”. Nous sommes rapidement rejoints par des Albanais et des Ouzbeks, et le match “France contre le reste du monde” devient numériquement déséquilibré, donc nous intégrons de nouveaux éléments à notre équipe. Cette fois, notre supériorité footballistique sera mise en lumière par Anthony dans son beau polo turquoise fluo de l’équipe britannique. Tout le monde se défoule, et après deux heures à se rendre coup pour coup les élèves sont épuisés. Baptiste et moi devons rentrer pour manger tôt car nous devons assister à la dernière réunion du jury pour voter les barres de médailles à 20h. Le reste de l’équipe décide d’aller faire un désormais traditionnel tour à la piscine. La fatigue physique se fait sentir, puisque Serge a une crampe au milieu d’une partie de chat improvisée où il faut toucher le ventre d’un adversaire pour l’éliminer (me posez pas de questions je n’étais pas témoin).

Nous devons faire le deuil de nos élèves le temps d’un repas

La réunion pour les barres de médailles est un modèle d’improvisation chaotique, au cours duquel le protocole est changé plusieurs fois. Le président du jury fait des calculs à la main qui sont filmés par une caméra et retransmis en direct sur le grand écran de la salle, afin de déterminer le nombre de médaillés. Un problème se pose puisque 17 des 66 candidats officiels (c’est-à-dire issus des pays membres balkaniques) ont obtenu exactement 31 points (tous avec exactement 10/10/10/1), preuve de l’immense écart de difficulté entre les trois premiers problèmes et le quatrième. Il est donc décidé de donner une médaille d’argent uniquement aux élèves qui ont 31, ce qui fait déjà un surplus. Enfin, après avoir complètement fini le vote, un leader émet une objection et demande à baisser la barre du bronze d’un point, ce qui ne change rien pour les pays officiels. Après de trop longues discussions, les barres finales sont donc les suivantes : 17 points pour le bronze, 31 pour l’argent et 32 pour l’or. Cela donne une mention honorable à un point près et 5 médailles de bronze pour la France ! Nous tenons à féliciter tous les élèves pour les belles idées qu’ils ont eues sur tous les problèmes ! J’en veux pour preuve le fait qu’il n’y a que deux 0 en 24 copies, ce qui montre l’exceptionnelle ténacité de l’équipe qui ne s’est pas découragée face à l’adversité.

Les barres de médailles calculées à la main en impro

Nous descendons au dîner annoncer cela à l’équipe, puis Baptiste retourne discuter avec certains leaders. Le reste de l’équipe entame quelques parties d’Undercover, et réussit à ne pas (trop) déraper sur la partie chinois/japonais, ce que je considère être un succès. Puis tout le monde part se coucher assez rapidement puisqu’on doit se lever très tôt demain matin (j’ai l’impression d’écrire cette phrase tous les soirs).

Jour 5 : Mega Star Cruise

Aujourd’hui, c’est la grande excursion groupée ! Le mot d’ordre de la journée est “se dépêcher d’attendre”, donc on a rendez-vous à 8h dans le hall de l’hôtel pour finalement partir à 8h45. Après une grosse heure de car, nous arrivons dans un village côtier où l’on peut embarquer dans notre imposant bateau de croisière à 4 étages. La figure de poupe est pour le moins étonnante, et les élèves y reconnaissent plusieurs animatheurs, d’où la légende de la photo tapée par Gaëtan sans mon consentement.

Puis Théo arrive avec son jet en or massif et nous dit “salut”.

Nous montons à l’avant-dernier étage prendre une table pour 8. Malheureusement la musique est rapidement trop forte pour plusieurs membres de l’équipe, donc pendant que beaucoup d’autres délégations se retrouvent pour danser sur le pont, nous préférons redescendre d’un étage pour préserver nos oreilles fragiles (nous verrons qu’il s’agira d’un thème récurrent aujourd’hui). Nous arrivons alors au premier point d’intérêt de la journée. Spoiler : j’ai bien fait de le prendre en photo puisque ce sera le seul.

La “grotte des pirates”, une jolie cavité naturelle.

Notre fière embarcation rejoint alors la rive, pour une courte escale sur une île. Malheureusement les consignes sont très peu claires, que ce soit pour nous ou pour les guides, donc on commence à escalader avant de se faire reprendre par des organisateurs en panique qui nous disent de rester sur la côte. Nous redescendons donc longer la rive mais sommes à nouveau freinés dans notre élan par des guides zélés. Nous parvenons tout de même à nous faufiler entre eux, le temps d’une belle photo tout sourire :

Il y avait trois appareils photos braqués sur nous, ce qui justifie les regards fuyants

La deuxième partie du voyage n’est pas fascinante, puisqu’il s’agit simplement du retour au point de départ. Le point culminant est donc le repas, un barbecue dont la localisation est mal choisie puisqu’on se fait rapidement enfumer à cause de la direction du vent. Le repas est tout de même très bon, et nous sommes rejoints par Wacyl de l’équipe algérienne pour quelques parties d’Undercover digestives. Nous vivons une partie légendaire sur le mot mer, où Charles en tant que Mister White dit au hasard “rouge” qui le dédouane de tout soupçon. Les mots suivants incluant “papa”, “Hidalgo” ou “concombre”, nous pensons que Mister White aura bien du mal à s’en tirer mais finissons par nous embrouiller les uns les autres car tous les mots sont trop pertinents.

Une fois de retour sur la terre ferme, on se presse pour aller attendre le bus qui doit nous amener dans un centre de conférences où se déroulera la cérémonie de clôture. Certains en profitent pour dormir (moi le premier), pendant que d’autres mettent à profit ce temps pour dégainer leur poly russe et chercher des exos. La guide est désespérée et n’arrive pas à comprendre cette passion pour des triangles et des cercles.

La géométrie provoque des émotions variées selon les élèves…

Nous nous arrêtons dans une station-service pendant une demi-heure pour ne pas arriver trop en avance à la cérémonie de clôture. Finalement, une fois sur place, nous découvrons un nouveau buffet auquel il est difficile de résister. Nous apprenons alors qu’il y aura encore trois quarts d’heure avant le début de la cérémonie, ce qui justifie visiblement une nouvelle apparition du poly russe, ainsi qu’une figure sur l’application GeoGebra du téléphone de Baptiste.

Chacun ses compétences : l’équipe fait de la géométrie pendant que je prends des photos

Enfin la cérémonie commence. Nous constatons que nous sommes placés tout au fond de la salle, bien trop près des enceintes réglées à fond, donc nous devons nous boucher les oreilles pendant chaque spectacle de danse et pour chaque discours un peu trop énergique. Le président de Tübitak (l’équivalent de la POFM locale mais avec plus de prérogatives si j’ai bien compris) tient à féliciter les “scientifiques du futur”, qui devront résoudre les “problèmes du futur”. Le ministre de la technologie turc fait également une apparition et vient remettre quelques médailles. On commence par appeler les mentions honorables, ce qui nous donne l’occasion d’applaudir Oscar copieusement. Puis viennent les médaillés, par ordre de mérite, qui sont appelés à monter sur scène pour recevoir leur récompense. Nous pensons que le présentateur a été mis au défi de ne jamais laisser passer 5 secondes sans prononcer un mot, ce qui justifierait certaines de ses interventions particulièrement pertinentes telles que “we are smiling because we are happy”.

Serge et Auguste côte à côte sur le podium
Anatole, très fier de lui comme à son habitude
Charles reçoit sa médaille d’un air solennel
Gaëtan profite du moment et en oublie de me regarder

Après la cérémonie, nous reprenons le car direction un grand restaurant privatisé pour l’occasion. Le menu est d’une longueur indécente, et après une première assiette d’entrées froides sont servies les entrées chaudes. A ce stade tout le monde a déjà bien mangé, c’est donc le moment choisi pour nous servir une énorme assiette de viande. Naïf que j’étais, je pensais que nous aurions le choix entre les trois plats indiqués sur le menu, à savoir de la viande de kebab traditionnelle, des brochettes de veau mariné ou du poulet grillé, mais que nenni, nous recevons chacun une portion de chaque. Les baklavas finissent d’achever les plus téméraires, heureusement que le chemin pour retourner au bus était en pente descendante.

Jour 6 : Maman, j’ai raté l’avion ?

Le compte-rendu de cette journée commence à minuit. A peine rentrés du restaurant, nous devons nous organiser pour le retour. En effet, Auguste et Baptiste ont un vol qui décolle à 6h, donc un taxi doit venir les chercher à 3h. Une soirée de départ se profile, et les élèves n’ont pas prévu de se coucher très tôt : il est décidé que la solution la plus simple pour ne pas se faire réveiller à 3h par le départ d’Auguste et Baptiste est… de ne pas se coucher avant 3h. Je m’installe dans le hall pour taper ce compte-rendu pendant que les élèves partent faire un tour, mais ils reviennent assez vite me voir, la soirée étant trop bruyante à leur goût. Ce compte-rendu est donc rédigé collégialement, et l’impact de ma censure est de moins en moins efficace, comme le prouve la légende de la première photo d’hier. Finalement, ils prennent définitivement contrôle de mon ordinateur pendant que j’ai le dos tourné pour parler aux leaders Anglais qui viennent nous saluer, ce qui justifie la présence d’un article inhabituel sur ce site entre deux et trois heures du matin.

Anatole poursuit désespérément Auguste et Baptiste avec son appareil photo

Maintenant que nous sommes en effectif restreint, nous décidons de l’heure de réveil et du programme du lendemain, puis allons dormir. Après un petit-déjeuner plutôt léger, nous partons à la plage. Il aurait été dommage de passer une semaine au bord de la mer sans en profiter, donc direction la baignade ! L’eau est plutôt bonne, et nous pataugeons un peu avant de retourner nous sécher et nous installer sur nos transats. J’ai oublié comment Gaëtan a réussi à négocier ça, mais le prochain paragraphe est de sa plume (sans supervision), donc je décline toute responsabilité.

Je vous laisse deviner qui a essayé de me couler juste avant cette photo

Nous réalisâmes alors que, malgré nos excursions pour le moins fréquentes à la piscine de l’hôtel durant la semaine, nous n’avions encore goûté à la fraicheur (et salinité) de la mer turque ; ainsi nous ne pûmes résister à l’envie pressante qui submergeait nos corps et nos âmes tout entiers de nous jeter à l’eau.

Nos enveloppes charnelles, face à ces incontrôlables pulsions, furent parcourues de spasmes violents. Seul l’irréductible Charles parvint à contenir cette envoûtante tentation, ayant eu la présence d’esprit d’oublier son maillot afin de préserver sa paix intérieure.

Pris dans son inextinguible élan, le reste de la troupe se propulsa gaiement dans la solution aqueuse, n’écoutant autre que son instinct primaire. 

Nonobstant les ions sodium éreintant nos globes oculaires, nous parvinrent en moins d’un tour de sablier et quelques brasses enjouées à rallier la piteuse bouée nous séparant de la liberté sauvage.

ptdr on es revenu apré et on c sécher ct cool mdrrrr 🤣

Séance d’observation de la faune locale
Une dernière petite photo de groupe, de beaux sourires au soleil

Bon je reprends le contrôle… L’ambiance est propice à quelques parties d’Undercover pour bien finir la semaine. C’est l’occasion de rappeler que le wasabi n’est pas un rongeur australien (je n’invente rien…) entre autres découvertes de niveau équivalent. Après de nombreux rires et quelques embrouilles, nous déjeunons au soleil, pour profiter une dernière fois de l’immense offre de repas gratuits. Les élèves découvrent un parc fitness qu’ils n’avaient pas encore repéré cette semaine, et partent tester tous les ateliers pour travailler leur summer body.

Notre parasite préféré en action

Après cet atelier détente, nous devons nous diriger à regret vers le hall, récupérer nos valises et attendre notre minibus pour l’aéroport. Notre guide vient alors nous saluer pour la dernière fois et nous raccompagne vers la sortie. Avant cela, nous signons tous en souvenir le dos de son panneau “France”, qu’elle a fièrement arboré toute la semaine. Vous constaterez que Baptiste a une écriture étonnamment proche de la mienne, et je vous laisse deviner qui a signé Augustus le rigolo.

Nous embarquons dans notre minibus, et somnolons tous plus ou moins à cause de la fatigue de la veille. Mes souvenirs du voyage sont assez flous, mais je sais qu’on nous avait annoncé une demi-heure de trajet maximum et qu’après plus d’une heure et demie et plusieurs détours par différents hôtels nous n’étions toujours pas arrivés. A ce stade il est 18h, et, notre vol décollant à 19h25, l’enregistrement ferme à 18h25. Le chauffeur nous annonce “terminal 1”, et au moment de le quitter je suis pris d’un doute et je vérifie notre billet… qui affiche terminal 2. Comme j’ai fait imprimer les cartes d’embarquement le matin-même, j’ai plutôt confiance en ce qu’elles indiquent, donc nous remontons à bord et 5 minutes plus tard nous sommes arrivés au “bon” terminal.

Nouvelle surprise, il faut passer une première sécurité pour pouvoir accéder au terminal, avant même de voir la liste des vols au départ de celui-ci. Après une attente qui paraît assez longue compte tenu de l’urgence de la situation, nous pénétrons dans le hall du terminal 2. On commence à se douter du problème quand on voit que notre vol n’est indiqué nulle part, et le guichet d’informations nous informe que notre vol part en fait du terminal 1, contrairement à ce qui est indiqué sur nos billets. Pris de panique, nous courons vers l’extérieur pour chercher un taxi. Il nous reste moins de 10 minutes avant la fermeture de l’enregistrement. C’est alors qu’un signe du destin nous fait rencontrer deux taxis étonnamment honnêtes étant donné le profit qu’ils auraient pu tirer de la situation, qui proposent de nous ramener au terminal 1 pour 5€ cash par voiture. Nous montons à bord sans hésiter, et sommes de retour au point de départ en un temps record.

C’est reparti pour faire la queue sous la pression du temps, nous passons la sécurité de justesse et sprintons jusqu’à notre guichet. Nous sommes accueillis par un agent francophone mais très peu conciliant, qui nous annonce qu’il vient de fermer. Je dégaine mon téléphone pour lui indiquer qu’il est 18h24, et il a visiblement encore plus la flemme de discuter avec nous que de nous enregistrer, donc il finit par nous laisser passer. Cependant, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines, car nous sommes abandonnés entre les mains d’une stagiaire, qui ne savait pas quoi faire de la carte de circulation pour étranger mineur de Charles, et lui demandait un visa. On essaye de lui expliquer tant bien que mal qu’on ne peut pas avoir de visa pour rentrer dans notre propre pays, mais elle est complètement perdue, et finit par envoyer une photo de ce document inconnu à quelqu’un sur WhatsApp. Je bénis éternellement son interlocuteur anonyme qui lui a répondu rapidement et nous a sauvé d’une situation bien mal embarquée (sans mauvais jeux de mots).

Je vous passe les détails du reste du périple pour ne pas rallonger inutilement ce compte-rendu. Le voyage se déroule sans encombre, avec en point culminant une très belle vue sur Venise de nuit. Les élèves sont tous rendus à leurs parents à minuit à l’aéroport, sauf Gaëtan, qui finit le trajet avec moi en RER. Tout le monde part se coucher rapidement, des souvenirs plein la tête, en attendant de nouvelles aventures au Japon !