Comme tous les ans, la France participe à l’IMO (International Mathematical Olympiad, OIM en français), la compétition reine des mathématiques olympiques. Pour cette édition 2025, la compétition se déroule en Australie, à Sunshine Coast près de Brisbane, du 10 au 20 juillet (site officiel).
L’équipe de France est composée de 6 élèves de 16 à 18 ans : Maxime Chevalier, An Pha Dang, Hadrien Faucheu, David Lei, Ruirong Li et Solal Pivron–Djeddi. La délégation est complétée par Vincent Jugé (chef d’équipe), et Rémi Lesbats (chef d’équipe adjoint et narrateur de fortune).
Mercredi 9 juillet : Le grand départ !
Notre aventure commence comme bien souvent du côté de Châtelet-les-Halles, à 11h30. Comme tous les ans, le chef de délégation part avant le reste de l’équipe afin de travailler sur la liste des problèmes proposés pour la compétition et d’établir la version définitive du sujet. Vincent est donc déjà arrivé à Brisbane, et nous le retrouverons après les épreuves. À ma grande surprise, l’intégralité des élèves est à l’heure et au bon endroit, avec l’ensemble de ses affaires. Nous embarquons immédiatement dans un RER quasi-direct, qui nous amène à Roissy. La sécurité est expédiée en un temps record, aucun élève n’a oublié le moindre document ni objet illicite dans son sac, ç’en est presque trop beau pour être vrai !

Profitons de ce cliché pour faire un rapide tour de présentations de nos champions. Suivant le modèle de précédents compte-rendus, je vous propose de faire leur connaissance en leur attribuant à chacun un symbole de l’Australie :
Hadrien : habitué des compétitions internationales, il s’est paré d’or à la JBMO puis de bronze à la BMO cette année. Notre fier participant a su marquer son territoire en remportant la bataille pour le lit double, il est l’émeu de cette équipe (voir par la suite).
David : médaillé de bronze au RMM cette année, David ne jure que par sa spécialité : les problèmes de géométrie. Il les embroche à la chaîne, c’est notre échidné à nez court.
Solal : il est le seul à avoir déjà participé à l’IMO l’an dernier, remportant une médaille d’argent en plus du bronze au RMM cette année, il connaît toutes les shortlists sur le bout des doigts, c’est donc notre ancien, notre aîné aborigène.
An Pha : médaillé d’argent à la BMO l’an passé, An Pha ne recule devant aucune difficulté. Il sait rester tapi dans l’ombre, prêt à se jeter sur le moindre problème de combinatoire insouciant qui se présenterait sur son territoire, c’est notre crocodile d’eau douce.
Ruirong : elle n’est qu’en première mais c’est déjà la troisième compétition internationale pour Ruirong cette année, elle qui a notamment remporté une médaille d’or à l’EGMO après le bronze de l’an dernier. Elle est toujours prête à bondir sur n’importe quel problème, telle un kangourou gris.
Maxime : déjà médaillé d’argent à la BMO cette année, notre force tranquille est de retour pour briller. Souvent affamé, capable de dormir à toute heure et dans toute position, il est le koala de notre équipe.
Reprenons notre récit. Le premier vol se passe sans encombre, mis à part une petite frayeur occasionnée par 20 secondes de très grosses secousses inattendues au moment d’amorcer la descente. Les élèves alternent entre exercices de shortlist, siestes et divertissements proposés par Emirates. On a même droit à la demi-finale de la coupe du monde des clubs PSG-Real Madrid en direct ! La moitié de l’équipe se délecte de ce massacre tandis que l’autre moitié révise ses problèmes de grille en aidant un homme des cavernes à déplacer des blocs de pierre tout en esquivant des tigres et des mammouths multicolores.





Nous atterrissons à Dubai avec un peu d’avance, à une heure locale qui en fait techniquement déjà le jour 2 de ce compte-rendu !
C’est l’heure du jeu du jour : le début du voyage est idyllique, s’agit-il selon vous d’un trompe-l’œil qui présage de mésaventures par la suite ? Réponse demain !
Jeudi 10 juillet : Maman, j’ai raté l’avion ?
Notre récit reprend à la porte B19 de l’aéroport de Dubai, devant laquelle tous les sièges sont pris quand nous arrivons. Nous nous asseyons donc par terre à proximité en attendant de voir du mouvement. C’est l’occasion de faire une petite mise au point sur les bases de l’histoire et de la géographie australienne, ainsi qu’une présentation de la monnaie : chaque pièce représente un animal endémique et chaque billet une personnalité marquante de l’histoire du pays. Je ne suis pas sûr que les élèves aient retenu grand chose à part l’histoire de la guerre perdue contre les émeus (oui on parle bien des gros oiseaux qui ne volent même pas, il n’y a aucun malentendu), mais au moins j’aurai essayé.
Ces digressions durent jusqu’à l’heure de fermeture de notre porte, donc je m’étonne de ne voir toujours aucun mouvement. On décide d’aller se renseigner, et une hôtesse désabusée nous annonce alors qu’elle nous avait appelés à de multiples reprises et qu’elle était en train de clôturer l’embarquement. Nous passons en vitesse, et je l’entends signaler dans son talkie-walkie qu’elle vient de retrouver les 7 passagers manquants et que nous arrivons.
Finalement, plus de peur que de mal, un élan de lucidité nous aura évité pas mal d’ennuis ! Nous comprenons a posteriori que la quasi-totalité des passagers avaient déjà passé la porte d’embarquement avant même notre arrivée devant celle-ci, puisqu’une deuxième salle d’attente se trouvait en-dessous de la première. Nous embarquons donc les derniers, avec un objectif bien clair : dormir !


Cet objectif est plutôt très bien rempli dans l’ensemble, l’équipe cumule de nombreuses heures de sommeil précieux au cours de ce vol de 13h particulièrement calme. En revanche, le passage de la sécurité et de la douane est très lent, et nous sommes sabotés par Solal qui menace l’intégrité biologique de l’Australie en déclarant importer des fruits secs. Heureusement, après une nouvelle file interminable, l’agente en charge des cas litigieux décide de nous faire grâce de ce maigre goûter et nous laisse enfin entrer dans le pays. Notre taxi pré-commandé (qui nous attend depuis 2h) nous dépose à notre hôtel voisin vers minuit et demie.
Nous découvrons alors nos chambres : Ruirong et moi disposons chacun d’un lit double. Les 5 garçons doivent en revanche se battre : An Pha et David se partagent un lit double et un lit simple à l’amiable, tandis que Maxime, Hadrien et Solal héritent d’une chambre avec un lit double et deux lits simples superposés. Un duel de pierre-feuille-ciseaux s’apprête à s’engager, quand Solal annonce se retirer du conflit à condition d’obtenir le lit supérieur. Vae victis, tout se joue donc à quitte ou double entre les deux derniers rivaux, l’un dégaine une pierre, l’autre une feuille …

Il est désormais grand temps d’aller dormir. À ce propos, selon vous, quelle sera l’heure moyenne de réveil de l’équipe ? Réponse demain matin !
Vendredi 11 juillet : Rencontre avec nos totems
Même si certains se sont réveillés par intermittence pendant la nuit, l’équipe s’en sort avec un réveil moyen honorable de 6h47. La palme revient à Ruirong qui a su annihiler le décalage horaire en se réveillant à 8h15. Nous nous retrouvons donc tous au petit déjeuner, et découvrons avec excitation l’incroyable machine à pancakes, miracle de technologie. Cette merveille mérite qu’on lui fasse honneur en finissant entièrement la recharge de pâte à pancake.


À 9h, l’équipe est sur le pont, direction le centre-ville. Nous déambulons autour d’Adelaide Street au cœur de Brisbane, le temps de s’imprégner de l’architecture locale et de faire l’acquisition d’une mascotte pour l’équipe. Il est aussi grand temps de faire notre première photo d’équipe, en posant fièrement devant l’hôtel de ville.


Un nouveau bus nous emmène ensuite vers le Lone Pine Koala Sanctuary, un parc naturel qui prend soin de nombreuses espèces endémiques plus ou moins menacées, et notamment d’un grand nombre de koalas. Maxime a faim. Avant d’entrer, les élèves découvrent donc le fleuron de la gastronomie locale, le fameux sausage roll. L’expérience semble plutôt convaincante, et c’est le ventre plein que nous partons à la découverte de cette faune si réputée.


Le fil conducteur de l’après-midi est de trouver l’animal totem de chacun et de poser avec lui. Échec du côté de l’échidné qui n’a pas daigné pointer le bout de son nez malgré les supplications de David. La visite commence fort, avec la découverte des koalas. J’avais prévenu les élèves qu’ils seraient probablement majoritairement endormis ou inactifs, mais l’un deux nous gratifie d’un tour d’honneur en galopant dans son enclos : “Il court comme le Real hier”, dira Hadrien.




Les élèves passent ainsi la majeure partie de leur après-midi à s’émerveiller devant des animaux qui leur étaient jusqu’alors inconnus et sont particulièrement hypnotisés par la possibilité de caresser des kangourous, nous restons presque une heure dans leur grand enclos.




En voyant les lorikeet être nourris, Maxime a faim, il est donc nourri aussi. Après un dernier tour par la case reptile, nous décidons de rentrer. Un premier bus nous ramène en ville, et au moment de monter dans le deuxième bus, nous tombons sur le même chauffeur qu’à l’aller alors qu’il s’agit pourtant d’une ligne différente. Il se souvient même de l’arrêt où nous sommes montés, preuve que notre petit groupe insolite ne passe pas inaperçu !

Une fois rentrés à l’hôtel, Maxime signale qu’il a faim. Nous ressortons donc en quête d’un dîner. La réception nous indique un restaurant indien à 15min à pied. Catastrophe, un panneau à l’extérieur nous indique qu’il est fermé exceptionnellement aujourd’hui. Cette nouvelle met un des élèves dans tous ses états, heureusement nous finissons par trouver un restaurant asiatique à emporter 5min plus loin.
De retour à l’hôtel, nous constatons que l’ensemble de la salle du petit déjeuner est occupée par un grand groupe, ce qui nous force à improviser et dîner dans des conditions… rustiques.

Le dîner donne lieu a des discussions profondes (extrait choisi).
Solal : “C’est qui le premier ministre ?”
Maxime : “François Bayrou”
Solal : “C’est qui ? Il fait quoi dans la vie ?”
La soirée se termine par quelques parties d’Undercover, où l’on découvre que non, la bière n’est pas une boisson pétillante. A part cet incident, le niveau de jeu est plutôt élevé puisqu’hormis lors des deux premières parties d’échauffement, Mister White est toujours trouvé dès le premier tour et il n’a jamais su deviner le thème. Finalement, malgré la fatigue évidente en fin d’après-midi, tout le monde s’est bien pris au jeu et les élèves ne se couchent que vers 23h.
Finissons par la question du jour : selon vous, que ressentira Maxime au réveil ?
Samedi 12 juillet : Brisbane et ses plages
La grande journée en extérieur hier semble avoir fait du bien aux élèves, qui ont plutôt bien lutté contre le décalage horaire : la plupart a fait une nuit complète ou presque. Afin que ce compte-rendu ne tourne pas à l’acharnement, nous dirons simplement que l’ensemble des élèves avait grand faim et que plusieurs kilos de pancakes ont à nouveau été engloutis.

Vers 10h, on se met en route direction la plage. Nous découvrons les trains de Brisbane, qui nous permettent d’atteindre la côte. La promenade en bord de mer nous ouvre l’appétit, donc le groupe se dirige vers un restaurant de Fish&Chips bien noté. Nous commandons 2 packs famille (censés nourrir 4 personnes chacun), et recevons 8 énormes pièces de barramundi pané, 16 rondelles de calamar pané et une quantité indécente de frites, le tout pour seulement 60€ !

Cette nouvelle excursion culinaire fut de toute évidence un succès mémorable et l’un des points forts du voyage jusqu’à présent. Une fois tout le monde repus, nous reprenons notre marche en longeant la côte. Les élèves sont fascinés par les bubblers, fontaines multi-tâches disposées très régulièrement le long du chemin. Nous passons ensuite devant une installation sportive, ce qui nous donne l’occasion d’improviser une petite séance de renforcement musculaire.


Nous finissons notre balade au bout d’une jetée, et en profitons pour immortaliser cette vue imprenable sur l’océan Pacifique. Mais pendant que je pense photos pour le compte-rendu, les élèves ont déjà repéré leur prochaine source d’acrobaties : une grande araignée à escalader dans tous les sens. Les élèves passent près d’une heure à sauter et jouer à chat dans cette structure. De loin, j’entends Hadrien dire : “si j’avais des enfants, je les laisserais jamais faire ça”.



“C’est quand même très rigolo que la multiplication ça soit commutatif”.
Voilà je vous mets cette phrase sans contexte puisqu’il n’y en avait pas non plus quand Maxime l’a prononcée sur le quai du train destiné à nous ramener à notre hôtel. Certains accusent le coup et s’endorment dans ce même train, preuve qu’ils se sont à nouveau bien dépensés toute la journée. Nous ressortons vers 19h retenter notre chance du côté du restaurant indien, qui nous ouvre cette fois ses portes. Tout le monde a encore bien mangé même si la cuisine et les élèves n’avaient visiblement pas la même notion de “medium spicy”.

Quelques parties d’Undercover supplémentaires sont l’occasion de rappeler que wasabi et wallaby ne sont pas des homonymes, ce mot semble décidément poser problème aux élèves (mes plus fidèles lecteurs se souviendront du compte-rendu de la BMO 2023, dédicace à Serge). Je reste positif en notant que si Solal décrit le wasabi comme un “kangourou pas musclé” il m’a quand même écouté parler hier… La soirée s’achève sur les coups de 22h, et avec elle notre séjour à Brisbane. En effet, demain l’IMO commence pour de vrai !
Et maintenant la traditionnelle question du soir pour tenir en haleine mon public : à quelle heure les Belges feront-ils leur première apparition dans ce compte-rendu ? À vos pronostics !
Dimanche 13 juillet : Fin du prélude, début des festivités !
Ma matinée débute par ce message sans équivoque :

L’heure est en effet aux adieux : après une dernière razzia sur la machine à frisbees comestibles, notre taxi nous attend pour nous déposer à l’aéroport.
La réponse à la question d’hier ne se fait pas attendre, puisque le premier participant que nous croisons en arrivant au guichet de prise en charge est Philippe, le leader Belge. Pour des raisons d’effectif nous partagerons toutefois notre bus avec les Biélorusses, et, une heure et demie plus tard, nous voilà arrivés sur le site de la compétition.

Tout de suite, on nous offre un grand sac à dos rempli à craquer de goodies divers et variés. On nous présente notre guide Rebecca (que nous partageons en réalité avec les Turkmènes et une troisième équipe inconnue). Elle nous fait visiter les lieux. Pour la durée de la compétition, l’intégralité du Novotel Twin Waters a été privatisé et découpé en 5 zones où les élèves peuvent se détendre ou se défouler : la “sport zone” avec ses possibilités variées en plein air et de grands terrain aux formes diverses, la “amusement zone” et ses jeux vidéos, la “chill zone” remplie de jeux de sociétés et la “quiet zone” avec ses gros poufs pour du temps calme. Nous sommes également accueillis par des employés du zoo voisin qui nous présentent plusieurs espèces de pythons et de lézards locaux.


Une fois ce petit tour terminé, nous nous dirigeons vers la salle d’examen, transformée en salle de déjeuner pour la journée. Les parties d’Undercover en attendant nos chambres tournent au fiasco quand sur le duo Café/Chocolat chaud, An Pha décide de jouer comme s’il avait le mot Thé en pensant qu’il était dans la minorité avec Café, faisant éliminer toute son équipe à tour de rôle.
Nous avons rendez-vous à 14h pour récupérer les clés de nos chambres. Après moins de 3h d’attente (…) les élèves ont enfin le loisir de faire un tour librement. J’ai eu des échos d’un Mario Kart avec un vrai volant et des pédales ainsi que d’un jeu de danse avec une chorégraphie à reproduire sur des pads au sol.

Nous nous retrouvons pour dîner et sommes rejoints par Akin et Stefan de l’équipe belge. Au menu du riz et une dizaine d’options de légumes, de poulet ou de bœuf en sauce. Après le rapide débrief des après-midis de chacun, je décide de laisser les élèves vaquer à leurs occupations en recommandant un coucher à une heure raisonnable. Voilà le bilan en images de la soirée.



Après cela, direction les chambres : An Pha, Maxime et Hadrien en partagent une, tandis que Ruirong se retrouve avec deux slovènes. Je ne sais pas ce que Solal et David ont dit ou fait à leurs colocataires Ouzbeks, mais nous recevons la confirmation pendant le dîner que ceux-ci ont plié bagages, abandonnant cette grande chambre à nos deux français. Pour ma part, je logerai avec les adjoints colombien et rwandais, mélange hétéroclite qui fait le charme de l’IMO.
Le rendez-vous demain matin est fixé à 9h20 devant la salle de conférence pour toutes les équipes. A votre avis, à quelle heure la cérémonie commencera-t-elle ?
Lundi 14 juillet : Un bon jour pour porter fièrement ses couleurs
Mon cher collègue colombien ayant décidé de faire un footing matinal, son réveil réglé au volume maximal me secoue de la tête aux pieds à 5h45. Autant vous dire que ma nuit s’arrête là. La nuit fut plutôt paisible pour le reste de l’équipe malgré un problème de chauffage chez Ruirong.
Le petit-déjeuner est ouvert de 6h à 8h du matin. Vous vous doutez bien que la seule information qui intéresse les élèves est l’heure de fermeture, c’est donc vers 7h50 que certains arrivent. Difficile de les blâmer tant le motto de la matinée sera “dépêchez-vous d’attendre”. Je reçois en effet plusieurs messages de la guide qui insiste pour que nous soyons absolument arrivés devant la salle de conférence avant 9h20 (ce qui nous laisse tout de même plus d’une heure à attendre ce rendez-vous).

Nous supposons naïvement que le rendez-vous de 9h20 était donné pour que tout le monde soit installé à 10h pour commencer la cérémonie, mais ce n’est que vers 10h10 que les portes s’ouvrent. Les élèves s’occupent en sociabilisant avec leurs voisins et en prenant des photos. Il faut encore attendre 10h45 pour voir arriver les leaders par une autre porte, et la cérémonie débute donc enfin vers 11h.


Pendant ce temps, les élèves sont installés sans moi car les chefs adjoints ont leur propre zone devant la scène, tandis que les chefs d’équipe sont rassemblés à l’opposé des élèves. Je me trouve une place de choix au deuxième rang derrière les sièges réservés aux gens importants (ceux qui font un discours et l’IMO Board).
La cérémonie débute par une prise de parole de Ben Kirk, président de l’IMO 2025, qui témoigne de son respect envers les peuples aborigènes et les tribus locales ayant vécu en Australie depuis des milliers d’années. Ce passage protocolaire est primordial en Australie. Vient ensuite le directeur de l’hôtel, qui nous rappelle quelques règles de sécurité, notamment ne pas caresser les kangourous sauvages qui peuvent s’avérer agressifs et se méfier des serpents venimeux (“vous avez de la chance, en cette saison il n’y en a pas beaucoup, mais dans le doute fermez bien vos portes quand même”). Enfin, le maître de cérémonie nous accueille en citant Hamilton : “you guys are in the room where it happens“.
On enchaîne avec la parade des pays. L’Australie a décidé d’innover en classant les pays selon la distance de leur trajet jusqu’à cet hôtel. On retrouve donc en première position le Maroc et ses 17933km. Puis suivent le Portugal, l’Espagne, l’Algérie, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, l’Irlande, et déjà… la France (16483km à parcourir tout de même) !

Les pays s’enchaînent, et on relèvera l’ovation pour le candidat unique du Liechtenstein, l’Italie et son drapeau impressionnant de 4m de long, le Brésil qui jette des poignées de chocolats en direction du parterre des deputy leaders, la pose des Colombiens qui m’avait été spoilée par mon colocataire et l’ouverture synchronisée des éventails coréens. Après le passage de deux tiers des pays, on retrouve l’Azerbaïdjan qui se situe toujours à plus de 12500km de Sunshine Coast, c’est vraiment le bout du monde pour tout le monde ici. Ce beau défilé de drapeaux multicolores et de tenues traditionnelles s’achève par l’Indonésie (toujours à plus de 5000km), la Nouvelle-Zélande, et enfin le pays hôte : l’Australie ! Ils quittent la scène après avoir lancé le cri de ralliement national : “Aussie, Aussie, Aussie !“, auquel la foule enthousiaste doit répondre “oi, oi, oi !“


Le président du board de l’IMO, Gregor Dolinar, déclare ensuite l’IMO officiellement ouverte, après un discours centré sur les dangers de l’intelligence artificielle, qui engendre de la paresse intellectuelle, et sur la valeur d’un esprit scientifique comme celui de tous les candidats. Notre maître de cérémonie finir par faire lever toute la salle pour nous apprendre un chant traditionnel samoan, et quand 800 personnes reprennent ensemble les consignes qu’il nous donne, ça rend plutôt bien. On termine par chanter en chœur Waltzing Matilda, un chant traditionnel australien, pendant qu’il nous accompagne à la guitare.


La cérémonie se termine là-dessus, et c’est désormais la course pour atteindre le buffet avant les 600 autres élèves et ne pas avoir à faire la queue. A ce petit jeu les franco-belges s’en sortent très bien, contrôlant le peloton en marchant d’un pas sûr; seuls quelques échappés ne seront pas repris mais nous jouons pour le long terme en préférant éviter tout risque de blessure dans les virages serrés qui mènent jusqu’à l’arrivée. Fin du moment Tour de France, mais début de l’après-midi sport ! Je recommande à tous de se dépenser au maximum afin de générer une fatigue saine et plonger dans un sommeil réparateur ce soir.

Tout le monde joue le jeu : Ruirong et Enya partent faire un tour du lagon puis se joignent à un groupe de gym, An Pha, David et Solal se lancent dans une après-midi canoë-piscine tandis que Maxime, Hadrien, Akin et moi choisissons l’option foot. Le match fut trop intense pour penser à prendre des photos, donc je vous propose un récap en mots pour ce groupe et en images pour les autres.


Côté terrain de foot, de nombreux élèves et adjoints du monde entier nous rejoignent rapidement : Suisse, Colombie, Ghana, Australie, Mexique, Malaisie, … tous les continents sont représentés ! Le premier match voit s’affronter essentiellement les Européens et les Africains d’une part et les Américains et Asiatiques d’autre part, mais ressemble de loin à une opposition entre francophones et hispaniques. Devant la nette domination des seconds, nous finissons par nous avouer vaincus et modifions quelque peu les équipes. Cette fois, les franco-belges et leurs alliés s’imposent 5-0. Entre les deux matchs, Tanish l’adjoint suisse avait rejoint l’équipe adverse, mais n’y voyez rien de plus qu’une simple coïncidence, aucun lien ne saurait être fait avec l’inversion du résultat final. Après 2h30 intenses sous le soleil d’hiver australien, la partie s’arrête et les joueurs se quittent bons amis en prévoyant déjà une revanche !

Après une bonne douche, direction le dîner. Après quelques menues consignes pour demain matin, c’est l’heure des derniers conseils (“Allez aux toilettes”, on sous-estime l’importance de se lever et de souffler un peu pendant l’épreuve). L’essentiel à retenir est qu’il faut savoir se faire confiance (ne pas avoir peur d’essayer tous les problèmes, aller au bout de ses idées, …), que nos champions ne sont pas là par hasard et que nous serons fiers d’eux quoiqu’il arrive. J’invite également les élèves à partager leurs propres expériences de compétitions internationales, chacun à ses petites habitudes et astuces qui sont intéressantes à entendre.

Enfin, on s’adonne au grand jeu des pronostics : quelles seront les matières des trois problèmes de demain ? Je vous préviens d’avance, certains ont été visionnaires, à vous de voir si vous saurez faire aussi bien !
Mardi 15 juillet : Il est temps d’en découdre !
Aujourd’hui c’est le grand jour ! Les épreuves commencent à 8h30 donc on se donne rdv à 7h au petit-déjeuner. Malgré le réveil très matinal, les élèves sont tous en forme et ont bien dormi. Sûrs de leurs capacités, ils n’ont étonnamment pas du tout été victimes du stress que peut représenter cette échéance (peut-être aussi que l’après-midi sportive a porté ses fruits). Au petit-déjeuner, Solal nous annonce qu’il a eu une vision pendant la nuit : il nous prévoit une équation fonctionnelle arithmétique avec une divisibilité pour le problème 3. Homme de peu de foi, je prends cette prédiction à la rigolade, mais elle a le mérite de faire sourire tout le monde.

À 7h45, inspection des affaires : je passe en revue le matériel des 6 élèves. Il faut vérifier que tout le monde a toutes ses affaires de travail, ainsi que de l’eau et un goûter autorisé, et que chacun a laissé son téléphone dans sa chambre. Maxime a été fidèle à son personnage dans ce compte-rendu :

Enfin, nous nous dirigeons vers la salle d’examen, et nous écartons le temps de distiller quelques derniers conseils : cherchez bien les 3 problèmes pendant la première demi-heure pour pouvoir poser des questions au besoin, prenez le temps de la relecture consciencieuse et surtout amusez-vous bien !

Je rentre ensuite à la réception où je fais connaissance avec les adjoints nordiques qui me racontent le fonctionnement de leurs préparations nationales. À 9h, nous sommes enfermés dans une salle dans laquelle nous pouvons découvrir à notre tour les problèmes sur lesquels nos élèves planchent actuellement. Au menu, un problème de combinatoire avec des points à relier, un problème de géométrie qui a de nombreux secrets à révéler et… exactement mot pour mot ce que Solal a annoncé pour le troisième problème – je ne douterai plus jamais de lui ! Nous avons 3h30 pour réfléchir aux problèmes et essayer de nous faire nos propres idées pour mieux comprendre et compléter celles qu’auront nos élèves. À 12h30 nous sommes libérés (impossible de sortir avant pour éviter que les problèmes ne fuitent), et je retourne vers la salle d’examen pour aller chercher nos héros. Ils sortent un par un et racontent ce qu’ils ont fait. Je ne vous relaterai pas ce que chacun pense avoir accompli, afin de leur laisser ce petit jardin secret le temps des épreuves.
Au menu ce midi, un repas à emporter avec une salade et un sandwich au poulet (à ne pas confondre avec du thon, n’est-ce pas Akin ?). Après cette rare apparition de quelques légumes dans les assiettes des élèves, nous partons chacun profiter de notre après-midi comme nous l’entendons. Je conseille le même genre de planning que la veille, et je suis à nouveau entendu (merci David pour les photos).


Le fait marquant de l’après-midi d’An Pha et Solal est qu’ils ont sauvé un insecte de la noyade, de vrais héros du quotidien. Hadrien est allé à la salle de sport avec Akin tandis que Ruirong a passé la majeure partie de l’après-midi avec Enya dans la chill zone à faire des coloriages et résoudre des casse-têtes.
Nous partons ensuite faire le plein de provisions pour le deuxième jour d’épreuves. Sur le retour, nous croisons une maman kangourou avec un petit dans sa poche. On les observe brouter simultanément, ce qui nous donne un beau tableau à immortaliser !

La journée s’achève par le traditionnel buffet à volonté du dîner, puis tout le monde part se coucher tôt pour reprendre des forces avant demain.
Mercredi 16 juillet : Fin des épreuves, début des festivités !
La journée commence encore plus tôt qu’hier pour certains, mais visiblement pas pour tous :


L’équipe au complet se retrouve au petit-déjeuner à une heure très raisonnable. Une fois que tout le monde a fait le plein d’énergie, on retourne faire l’inspection du matériel pour le jour 2. Ce matin, c’est An Pha qui se fait remarquer :


Quelques dernières consignes et je laisse les élèves repartir à l’aventure (ne faites pas de plans sur la comète, faites abstraction du premier jour, …). Comme hier, je m’en vais découvrir les énoncés du jour : aujourd’hui nos élèves s’attaquent à un problème d’arithmétique piégeux, un joli jeu à 2 joueurs à base d’inégalités et un problème de combinatoire particulièrement diabolique. Heureusement que Teodor Von Burg est dans la salle avec nous pour nous expliquer sa solution en sortant, puisque nous autres humbles mortels étions à des années-lumière d’avoir la moindre idée approchant d’une solution sur ce problème.

À la sortie, les élèves ont le plaisir de retrouver Vincent qui est enfin libéré de sa prison dorée. Maxime m’annonce fièrement n’avoir écrit que 44 pages aujourd’hui après les 55 de la veille, dans le souci de m’épargner un total à 3 chiffres. À l’inverse, Solal n’a visiblement que faire de notre bien-être et culmine à 71 pages (120 au total sur 2 jours). Nous fêtons ces retrouvailles avec un sandwich dégoulinant et une brique de jus de fruits coupé à l’eau. Après ce repas faste, nos champions partent se détendre pour fêter la fin des épreuves tandis que Vincent et moi nous installons sur ma terrasse pour attaquer la lecture des copies du premier jour.

Côté élèves les activités sont variées : David commence par une petite sieste bien méritée, Ruirong discute longuement avec les Slovènes de sa chambre, Solal met en œuvre ses apprentissages du karaté marsupial en étranglant Hadrien, Maxime immortalise la scène et An Pha prépare ses valises. En effet, il doit malheureusement déjà nous quitter pour rentrer à Palaiseau et participer aux Olympiades Internationales… de Physique ! Nous lui souhaitons bien du courage.

Après le dîner, j’ai n’ai que peu de retours sur les aventures des élèves, nul doute qu’ils sont allés se coucher rapidement pour être en pleine forme pour aller au zoo demain matin !

Côté leaders, les corrections continuent. L’organisation laisse à désirer puisque nous ne recevons les copies du deuxième jour que vers 22h alors que nos coordinations commencent par le problème 4 demain matin. J’écris ces lignes avec beaucoup de compassion pour les coordinateurs de ces problèmes qui ont encore plus à lire que nous d’ici là. Heureusement, quelques traditionnelles perles égayent notre soirée :

Enfin, ce soir je vous propose de vous joindre à nos malheurs en essayant de déchiffrer ce gribouillis. Réponse demain !

Jeudi 17 juillet : Animaux sauvages et coordinations civilisées
Après une courte nuit de sommeil pour des raisons assez variées selon les membres de notre équipe, nous nous retrouvons dans le hall de l’hôtel. Les élèves partent en direction du zoo (avec les deux heures de retard traditionnelles), tandis que Vincent et moi comparons nos conclusions quant aux copies des élèves.
Commençons par la journée des élèves, ou du moins ce qu’ils m’en ont raconté. Le spectacle de Charlie le crocodile semble avoir été apprécié, malgré les 30 minutes d’attente pour le voir être nourri. D’après les élèves, le zoo subit un régime de propagande avec culte de la personnalité, puisqu’on trouve des photos et citations du directeur placardés partout sur les murs. Dans l’ensemble, la journée semble avoir beaucoup plu aux élèves, malheureusement je n’ai pas reçu beaucoup de photos d’eux donc je vais combler avec des animaux rigolos.



Venons-en à la journée de Vincent et moi. Pour ceux qui ne sauraient pas en quoi consiste une coordination, je vous recommande par exemple l’excellent compte-rendu de l’OIM de l’an dernier, qui détaille clairement les enjeux de ce processus essentiel. Ces lignes sont écrites à l’heure où les élèves ont déjà reçu leurs notes, ce qui m’autorise à entrer dans les details. Nous commençons notre marathon par la coordination du problème 4. On attaque par le cas délicat d’An Pha : la réponse qu’il donne n’est pas exactement la bonne, mais la phrase qui la précède constitue en fait la caractérisation correcte. Nous expliquons donc que s’il n’avait pas écrit sa conclusion il aurait eu les 7 points puisque tout est correct par ailleurs, et après une relecture méticuleuse, les coordinateurs acceptent. Ils proposent ensuite 2 points pour Hadrien, mais avec un peu de rafistolage de plusieurs morceaux éparpillés dans le brouillon, nous finissons par obtenir un troisième point. Nous remercions les coordinateurs de ce problème qui ont été très professionnels et à l’écoute de nos arguments, la discussion avec eux fut fort agréable.

Vient ensuite le problème 2. Réponse du jeu d’hier : il s’agissait bien évidemment du mot “normes” qui était nécessaire pour convaincre les coordinateurs du bien-fondé des arguments de Maxime. Cinq des six copies sont expédiées, mais la sixième rencontre une objection extrêmement inattendue, qui doit malheureusement remonter les étages de la hiérarchie des réclamations, car notre position est ferme mais les coordinateurs ont des consignes uniformes strictes (ce qui est évidemment essentiel). Nous reportons donc cette coordination à plus tard.

On poursuit avec le problème 5, pour lequel tout se passe sans encombre. Les coordinateurs vérifient soigneusement que nous avons trouvé les mêmes points qu’eux, afin que les élèves ne soient pas lésés. Reste à nouveau le cas d’An Pha, pour lequel le raisonnement peut s’assimiler à une récurrence pour laquelle l’initialisation serait manquante. Heureusement, on nous explique que celle-ci est considérée comme suffisamment facile et que les coordinateurs ont jugé collectivement que si un élève avait fait la suite il avait nécessairement compris le début. Nous repartons donc satisfaits.

On finit par le problème 3, pour lequel nous tombons d’accord immédiatement. Quand nous demandons d’emblée 6 points pour un cas manquant chez Solal, les coordinateurs sont surpris et demandent 2 minutes de pause. Pendant cette pause, un responsable du problème 6 nous aborde pour nous demander si nous souhaitons signer nos 6 zéros, ce que nous nous empressons de faire. Notez bien que ces résultats sont le reflet de l’extrême difficulté de ce problème dont nous avons déjà parlé hier. En revenant, les coordinateurs du P3 nous expliquent qu’ils ont été pris de court par notre honnêteté intellectuelle, ils s’attendaient à devoir batailler pour nous donner 6 points. Après quelques échanges de remerciements et de souhaits de courage pour le lendemain, nous nous quittons bons amis. Bilan de la journée : 5 problèmes coordonnés, 2 leaders épuisés.
Pour fêter cette fin de journée, nous retrouvons les élèves, et un Time’s Up se lance dans la salle de jeux. Le mot “An Pha” n’a malheureusement pas été trouvé après le mime “élève français numéro 6/élève petit” par Maxime, ni après le mime “élève+avion” de Vincent, ce qui permet à l’équipe Solal-Akin-Rémi de l’emporter haut la main (en même temps l’un des trois rédige ces lignes donc vous vous doutez bien que je filtre).

Ce jeu nous a bien creusé l’appétit, donc nous nous dirigeons vers le dîner. Après manger nous lançons quelques parties d’Undercover. Maxime est visiblement dans d’excellentes dispositions : “Je suis de bonne humeur et j’ai toujours envie de tuer des gens quand je suis de bonne humeur.”
Après la dernière, puis la dernière, puis la dernière, nous terminons sur une partie mémorable. Voici les mots du premier tour dans l’ordre : homard – Trolls – fromage blanc – arc-en-ciel – douche – moment – irrégulier. À vous de jouer : retrouvez le thème commun à tous ces mots ainsi que l’intrus qui a su rester discret !
Vendredi 18 juillet : Attractions et résultats !
Ce matin, la pluie s’invite à Sunshine Coast. Ce temps maussade n’est pas exactement propice à une sortie dans un parc d’attractions en plein air, mais certains courageux s’y risquent tout de même.

Maxime, Hadrien et Ruirong sont du voyage vers Australia Park, donc commençons par eux : finalement la pluie s’est miraculeusement arrêtée pour eux (par pour nous) quand ils sont arrivés, donc ils ont pu profiter largement du parc. Maxime, Hadrien et Akin ont visiblement succombé au charme des miroirs déformants, et se défoulés sur les chaises volantes (merci Ruirong pour la photo).



Dans le même temps, Ruirong et Stefan se sont rendus au stand du tournoi d’échecs de l’IMO qui venait de se conclure, et ont profité des échiquiers laissés libres pour lancer une partie qui durera finalement 1h30. Ils ont également bien profité des auto-tamponneuses.

Pour maintenir un semblant de chronologie, poursuivons par Vincent et moi. Première surprise, nous découvrons que notre 7 manquant au problème 2 a été accepté pendant la nuit, après reconsidération de ce cas pas si isolé par l’ensemble de l’équipe chargée de ce problème. Merci à eux pour leur travail intense et leur souci d’homogénéité. Profitons-en pour glisser des félicitations à Anna, Baptiste et Théo, nos coordinateurs français qui ont travaillé d’arrache-pied ces derniers jours.
Il ne nous reste donc plus qu’à plier le problème 1, pour lequel nous obtenons notre sans-faute sans difficultés. Nous avons simplement dû inverser deux pages d’un élève qui avait mal numéroté son travail pour reconstituer la fin de son argumentaire, puis traduire la copie d’un autre des hiéroglyphes vers le français puis du français vers l’anglais. Dans l’ensemble, les coordinations furent rondement menées, dans un esprit de rigueur et de bonne foi suffisamment rare pour être mentionné et applaudi. Nos remerciements vont également aux élèves qui nous ont grandement simplifié la tâche en suivant précisément toutes les consignes et tous les conseils que je leur avais donné.

À l’issue de ces journées de dur labeur, pour les élèves puis pour nous, voici finalement les résultats détaillés que nous obtenons :
Problème 1 | Problème 2 | Problème 3 | Problème 4 | Problème 5 | Problème 6 | Total | Récompense | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Maxime Chevalier | 7 | 7 | 7 | 7 | 7 | 0 | 35 | Médaille d’or |
An Pha Dang | 7 | 1 | 0 | 7 | 3 | 0 | 18 | Mention honorable |
Hadrien Faucheu | 7 | 7 | 0 | 3 | 3 | 0 | 20 | Médaille de bronze |
David Lei | 7 | 7 | 5 | 7 | 7 | 0 | 33 | Médaille d’argent |
Ruirong Li | 7 | 7 | 0 | 7 | 1 | 0 | 22 | Médaille de bronze |
Solal Pivron–Djeddi | 7 | 1 | 6 | 7 | 7 | 0 | 28 | Médaille d’argent |
Total | 42 | 30 | 18 | 38 | 28 | 0 | 156 |
Avant tout, Vincent et moi aimerions réitérer nos félicitations à tous nos élèves. Ils ont donné le maximum d’eux-mêmes toute la semaine, en suivant toutes les consignes pour mettre toutes les chances de leur côté, et au-delà de leurs excellents résultats nous sommes particulièrement fiers d’eux pour cela.
Au classement par équipes, la France termine 30e sur 114 pays. Mentionnons également les résultats de nos personnages secondaires préférés : Enya remporte une mention honorable (16 points), Stefan une médaille de bronze (24 points), et Akin obtient la deuxième médaille d’or de l’histoire de la Belgique (35 points) ! Bravo à tous les trois !
Reprenons notre récit. Les plus fidèles lecteurs noteront qu’il manque la journée de David et Solal. David a retrouvé un ami italien pour faire de la géométrie. Quand on vous dit que c’est réellement un plaisir pour nos élèves de faire des maths, il n’y a aucune exagération. L’objectif principal de l’OIM est de rassembler des élèves autour d’une passion commune, et nous en avons là l’illustration parfaite.

Pendant ce temps, Vincent et moi retrouvons Solal pour une partie d’Azul (cette fois je ne suis pas du bon côté de l’histoire, donc on taira le score final pour rester fidèle à la ligne éditoriale). David nous rejoint ensuite pour manger. Après cette étape essentielle, nous testons le cornhole humide. Solal réussit du premier coup, et 10 minutes plus tard le score est donc de … 1-0.

On enchaîne sur une petite promenade digestive autour du lagon. Nous croisons encore des kangourous, dont l’un avec un bébé dans sa poche, ce qui hypnotise Vincent, qui n’était pas avec nous les dernières fois que nous en avions vu dans la nature. Nous rebroussons ensuite chemin à l’annonce du retour imminent des cars de la sortie.

Vers 15h30, le reste de l’équipe rentre du parc d’attractions, et nous nous rassemblons pour annoncer les résultats aux élèves. Tout le monde est satisfait et chacun se réjouit des résultats des autres. Nous sommes rejoints par nos Belges préférés dans ce moment d’allégresse, et lançons un Undercover à grande échelle. J’en profite pour répondre à la question d’hier : le thème recherché était bisou/câlin, bon courage pour trouver l’intrus même avec cette information !

Après le dîner, les élèves se dispersent tandis que Vincent et moi nous dirigeons vers la salle de conférence habituelle pour le final jury meeting. Initialement prévu à 20h puis décalé à 20h45, il débute à … 22h10. On commence par traiter quelques réclamations. Les chefs d’équipe qui n’ont pas réussi à se mettre d’accord avec leurs coordinateurs, ni avec le capitaine problème ni avec le coordinateur en chef viennent plaider leur cause devant le jury au complet. Un coordinateur vient alors exprimer son point de vue, puis après quelques questions le jury vote pour déterminer la note à attribuer définitivement à la copie. Après cela, on a droit à un rapport du président du jury, du chef de l’équipe de surveillance des épreuves et à quelques discours de remerciements variés. Enfin, on entre dans le vif du sujet : les barres de médailles. L’extrême difficulté du problème 6 complique la tâche car il déséquilibre la répartition des notes. Par élimination et en commençant par la barre du bronze, le jury finit par se mettre d’accord sur les barres suivantes : 19 pour le bronze, 28 pour l’argent et 35 pour l’or. Pour notre équipe, cela donne les récompenses recapitulées plus haut. Il est minuit passée quand nous sommes enfin libérés, donc après ces nouvelles très attendues, tout le monde part se coucher.

Rendez-vous demain pour la guerre des drapeaux ! Qui en sortira vainqueur ?
Samedi 19 juillet : Merveilleuse moisson de médailles méritées
Ce matin à 9h est prévue une conférence de Terence Tao. Malheureusement, seul 12,5% de l’équipe donne signe de vie (à savoir moi qui envoie un message à 8h59 depuis mon lit et n’obtiens aucune réponse convaincante). De toute façon, c’était probablement complet.
Maintenant il est midi (posez pas de questions) et on se rassemble pour déjeuner.

Après manger, certains vont profiter de la piscine tandis que d’autres se rassemblent pour un match de foot express avant la cérémonie de clôture. Baptiste, Maxime, Hadrien et moi affrontons l’équipe de Géorgie qui nous prête un transfuge pour équilibrer les effectifs. Le score est sans appel : 3-0, domination totale et buts magnifiques pour la France qui retrouve de sa superbe après la déconvenue du début de semaine. On termine sur une belle photo des deux équipes rassemblées en signe d’amitié.

À 14h45, la guide en détresse nous inonde de messages. En effet, il ne reste plus qu’une heure et quart pour placer les 321 médaillés avant le début de la cérémonie… Je distribue des drapeaux aux élèves ainsi que quelques consignes essentielles (souriez, imposez-vous sur scène, …). Le reste des participants (élèves non médaillés, encadrants, coordinateurs) s’installe librement de l’autre côté de la salle, et la cérémonie peut enfin commencer vers 16h30.
Les organisateurs donnent l’impression de vouloir rattraper le temps perdu, puisqu’ils expédient quelques discours et enchaînent directement sur la parade des médaillés, sans un mot pour les autres élèves et en particulier ceux qui ont obtenu une mention honorable. Notre maître de cérémonie a tout de même le temps de nous chanter We know the way du film Vaiana/Moana. Les élèves médaillés sont ensuite appelés sur scène 10 par 10, par ordre croissant de score. On voit donc défiler les médailles de bronze d’Hadrien et Ruirong, puis les médailles d’argent de Solal et David et enfin la médaille d’or de Maxime. À chaque fois, les candidats viennent fièrement afficher leurs couleurs et c’est donc à qui saura jouer des coudes ou être le plus rapide pour avoir son drapeau sur le devant de la scène.





Entre les médailles d’argent et les médailles d’or sont également remis les prix Maryam Mirzakhani, pour la meilleure fille de chaque continent. La cérémonie se conclut sur une vidéo de présentation de l’IMO 2026 à venir en Chine, ainsi que la traditionnelle passation du drapeau de l’IMO, de l’équipe australienne à l’équipe chinoise.

À la sortie, on nous promet un “Great Australian Barbecue”, qui s’avère être ni très Great, ni très Australian, ni très Barbecue. En effet, on a droit a de la salade, des lasagnes et des saucisses à la plancha. L’ensemble n’est pas spécialement appétissant et ne fait en tout cas pas vraiment honneur aux barbecues australiens traditionnels. Avant de manger, on fait quelques photos souvenir avec nos beaux polos POFM.


On s’installe pour dîner dans la salle de la cérémonie, qui est progressivement vidée de ses chaises pour être transformée en salle de fête pour la soirée. On remarque alors que les slides sont encore projetées et avancent toutes seules, et que sur ces slides étaient initialement prévus les noms des élèves ayant remporté une mention honorable. Ces noms sont alors copieusement applaudis par l’ensemble de la salle à chacune de leurs apparitions pour compenser leur oubli pendant la cérémonie, faisant une nouvelle fois preuve de l’excellent esprit qui règne parmi les participants de cette édition.

Fini le “barbecue”, place à la fête ! On baisse les lumières, on sort les stroboscopes, et une musique assourdissante envahit la grande salle. Si certains préfèrent fuir cette ambiance, d’autres l’accueillent volontiers. Ainsi, une partie de l’équipe part faire des jeux pour s’éloigner du bruit, tandis que d’autres restent danser et chanter jusqu’au bout de la nuit.


Je vous passe les photos de Gangnam style que j’ai reçues à 1h du matin et tout ce qui s’est passé après, puisque rien de bon ne se passe après 2h du matin.
Dimanche 20 juillet : Pas tout à fait la fin ?
Ce matin, seuls Ruirong, Vincent et moi sommes debout pour assister au départ de Baptiste et David. En effet, ils nous quittent tôt pour rentrer en France, pendant que le reste de l’équipe est rejoint par Théo pour 2 jours de célébrations organisés par notre sponsor Jane Street à Brisbane.

Il est donc temps d’achever ce compte-rendu. Après ces 10 jours chargés de souvenirs et d’émotions, nul doute que nous garderons tous un souvenir ému de ce voyage au bout du monde. Hadrien et Ruirong ont encore le luxe de pouvoir poursuivre l’expérience l’an prochain. Pour les 4 autres, nous leur souhaitons bien du courage pour leur nouvelle vie qui commence à la rentrée. Leur aventure en tant qu’élève se termine ici, et certains basculent déjà du côté animatheur de la force dès le stage d’été dans 3 semaines !
Merci encore à tous les élèves pour ces beaux moments passés ensemble, à Vincent qui nous a rejoint en cours de route et a beaucoup travaillé dans l’ombre, et à tous les bénévoles qui ont contribué à former nos 6 héros depuis si longtemps : le succès de nos élèves leur appartient aussi !
