Comme tous les ans, la France participe à l’IMO (International Mathematical Olympiad, OIM en français), la compétition reine des mathématiques olympiques. Pour cette édition 2025, la compétition se déroule en Australie, à Sunshine Coast près de Brisbane, du 10 au 20 juillet (site officiel).
L’équipe de France est composée de 6 élèves de 16 à 18 ans : Maxime Chevalier, An Pha Dang, Hadrien Faucheu, David Lei, Ruirong Li et Solal Pivron–Djeddi. La délégation est complétée par Vincent Jugé (chef d’équipe), et Rémi Lesbats (chef d’équipe adjoint et narrateur de fortune).
Mercredi 9 juillet : le grand départ !
Notre aventure commence comme bien souvent du côté de Châtelet-les-Halles, à 11h30. Comme tous les ans, le chef de délégation part avant le reste de l’équipe afin de travailler sur la liste des problèmes proposés pour la compétition et d’établir la version définitive du sujet. Vincent est donc déjà arrivé à Brisbane, et nous le retrouverons après les épreuves. A ma grande surprise, l’intégralité des élèves est à l’heure et au bon endroit, avec l’ensemble de ses affaires. Nous embarquons immédiatement dans un RER quasi-direct, qui nous amène à Roissy. La sécurité est expédiée en un temps record, aucun élève n’a oublié le moindre document ni objet illicite dans son sac, c’en est presque trop beau pour être vrai !

Profitons de ce cliché pour faire un rapide tour de présentations de nos champions. Suivant le modèle de précédents compte-rendus, je vous propose de faire leur connaissance en leur attribuant à chacun un symbole de l’Australie :
Hadrien : habitué des compétitions internationales, il s’est paré d’or à la JBMO puis de bronze à la BMO cette année. Notre fier participant a su marquer son territoire en remportant la bataille pour le lit double, il est l’émeu de cette équipe (voir par la suite).
David : médaillé de bronze au RMM cette année, David ne jure que par sa spécialité : les problèmes de géométrie. Il les embroche à la chaîne, c’est notre échidné à nez court.
Solal : il est le seul à avoir déjà participé à l’IMO l’an dernier, médaillé de bronze comme au RMM cette année, il connaît toutes les shortlists sur le bout des doigts, c’est donc notre ancien, notre aîné aborigène.
An Pha : médaillé d’argent à la BMO l’an passé, An Pha ne recule devant aucune difficulté. Il sait rester tapi dans l’ombre, prêt à se jeter sur le moindre problème de combinatoire insouciant qui se présenterait sur son territoire, c’est notre crocodile d’eau douce.
Ruirong : elle n’est qu’en première mais c’est déjà la troisième compétition internationale pour Ruirong cette année, elle qui a notamment remporté une médaille d’or à l’EGMO après le bronze de l’an dernier. Elle est toujours prête à bondir sur n’importe quel problème, telle un kangourou gris.
Maxime : déjà médaillé d’argent à la BMO cette année, notre force tranquille est de retour pour briller. Souvent affamé, capable de dormir à toute heure et dans toute position, il est le koala de notre équipe.
Reprenons notre récit. Le premier vol se passe sans encombre, mis à part une petite frayeur occasionnée par 20 secondes de très grosses secousses inattendues au moment d’amorcer la descente. Les élèves alternent entre exercices de shortlist, siestes et divertissements proposés par Emirates. On a même droit à la demi-finale de la coupe du monde des clubs PSG-Real Madrid en direct ! La moitié de l’équipe se délecte de ce massacre tandis que l’autre moitié révise ses problèmes de grille en aidant un homme des cavernes à déplacer des blocs de pierre tout en esquivant des tigres et des mammouths multicolores.





Nous atterrissons à Dubai avec un peu d’avance, à une heure locale qui en fait techniquement déjà le jour 2 de ce compte-rendu !
C’est l’heure du jeu du jour : le début du voyage est idyllique, s’agit-il selon vous d’un trompe-l’œil qui présage de mésaventures par la suite ? Réponse demain !
Jeudi 10 juillet : Maman, j’ai raté l’avion ?
Notre récit reprend à la porte B19 de l’aéroport de Dubai, devant laquelle tous les sièges sont pris quand nous arrivons. Nous nous asseyons donc par terre à proximité en attendant de voir du mouvement. C’est l’occasion de faire une petite mise au point sur les bases de l’histoire et de la géographie australienne, ainsi qu’une présentation de la monnaie : chaque pièce représente un animal endémique et chaque billet une personnalité marquante de l’histoire du pays. Je ne suis pas sûr que les élèves aient retenu grand chose à part l’histoire de la guerre perdue contre les émeus (oui on parle bien des gros oiseaux qui ne volent même pas, il n’y a aucun malentendu), mais au moins j’aurai essayé.
Ces digressions durent jusqu’à l’heure de fermeture de notre porte, donc je m’étonne de ne voir toujours aucun mouvement. On décide d’aller se renseigner, et une hôtesse désabusée nous annonce alors qu’elle nous avait appelés à de multiples reprises et qu’elle était en train de clôturer l’embarquement. Nous passons en vitesse, et je l’entends signaler dans son talkie-walkie qu’elle vient de retrouver les 7 passagers manquants et que nous arrivons.
Finalement, plus de peur que de mal, un élan de lucidité nous aura évité pas mal d’ennuis ! Nous comprenons a posteriori que la quasi-totalité des passagers avaient déjà passé la porte d’embarquement avant même notre arrivée devant celle-ci, puisqu’une deuxième salle d’attente se trouvait en-dessous de la première. Nous embarquons donc les derniers, avec un objectif bien clair : dormir !


Cet objectif est plutôt très bien rempli dans l’ensemble, l’équipe cumule de nombreuses heures de sommeil précieux au cours de ce vol de 13h particulièrement calme. En revanche, le passage de la sécurité et de la douane est très lent, et nous sommes sabotés par Solal qui menace l’intégrité biologique de l’Australie en déclarant importer des fruits secs. Heureusement, après une nouvelle file interminable, l’agente en charge des cas litigieux décide de nous faire grâce de ce maigre goûter et nous laisse enfin entrer dans le pays. Notre taxi pré-commandé (qui nous attend depuis 2h) nous dépose à notre hôtel voisin vers minuit et demie.
Nous découvrons alors nos chambres : Ruirong et moi disposons chacun d’un lit double. Les 5 garçons doivent en revanche se battre : An Pha et David se partagent un lit double et un lit simple à l’amiable, tandis que Maxime, Hadrien et Solal héritent d’une chambre avec un lit double et deux lits simples superposés. Un duel de pierre-feuille-ciseaux s’apprête à s’engager, quand Solal annonce se retirer du conflit à condition d’obtenir le lit supérieur. Vae victis, tout se joue donc à quitte ou double entre les deux derniers rivaux, l’un dégaine une pierre, l’autre une feuille …

Il est désormais grand temps d’aller dormir. À ce propos, selon vous, quelle sera l’heure moyenne de réveil de l’équipe ? Réponse demain matin !
Vendredi 11 juillet : rencontre avec nos totems
Même si certains se sont réveillés par intermittence pendant la nuit, l’équipe s’en sort avec un réveil moyen honorable de 6h47. La palme revient à Ruirong qui a su annihiler le décalage horaire en se réveillant à 8h15. Nous nous retrouvons donc tous au petit déjeuner, et découvrons avec excitation l’incroyable machine à pancakes, miracle de technologie. Cette merveille mérite qu’on lui fasse honneur en finissant entièrement la recharge de pâte à pancake.


À 9h, l’équipe est sur le pont, direction le centre-ville. Nous déambulons autour d’Adelaide Street au cœur de Brisbane, le temps de s’imprégner de l’architecture locale et de faire l’acquisition d’une mascotte pour l’équipe. Il est aussi grand temps de faire notre première photo d’équipe, en posant fièrement devant l’hôtel de ville.

