Récit des péripéties de l’équipe française au RMM

Premier jour : Une histoire extraordinaire, pour un départ bien ordinaire

L’histoire commence un beau matin de février, plus ou moins vers 8h20, quand, aidé de mon acolyte Vincent (le team leader de l’équipe, qui n’aura cependant le droit, contrairement à moi, qu’à une colocation des plus sommaires – pas de chance !), je récupère plusieurs élèves dans la somptueuse gare du Châtelet. Ils arrivent entre en avance et en retard, au sens français strictement (c’est-à-dire au sens large, mais pas au sens strict), tous accompagnés d’un de leur parent, chacun de charmante compagnie. Nous retrouverons le dernier à l’aéroport.

Après quelques signatures effectuées, nous apprenons que, des travaux étant annoncés le matin même, le RER B n’ira pas plus loin que Aulnay ; considérant que la distance séparant ce bourg de l’aéroport auquel nous destinons notre brève visite est bien trop importante pour l’effectuer à pieds, Vincent décide de nous faire prendre un taxi, à Gare du Nord.

(il est ici rappelé à nos lecteurs peu familiers des transports parisiens que le Châtelet, Gare du Nord, Aulnay et l’aéroport CDG sont alignés dans cet ordre sur le RER B, considéré comme une droite du plan transilien)

C’est alors qu’en descendant à Gare du Nord, une voix mielleuse nous délivre l’information que l’accident (qui était naguère des travaux) est résolu : pleins d’incompréhension, nous attendons donc le prochain RER, qui nous emmène sans troubles aucun à la destination promise,  j’ai nommé l’aéroport CDG.

Quelques heures plus tard, nous arrivons à l’hôtel (d’après nos experts, le même que celui passé – j’en doute puisque l’un deux est totalement incapable de faire le chemin, d’une cinquantaine de mètres, le séparant de la cantine où nous prendrons de nombreux repas), puis nous mangeons le repas proposé par l’organisation : sans surprise, du poulet. Nous le verrons, c’est un plat fort apprécié dans ce beau pays qu’est la Roumanie.

(attention, dans ce qui suit, les mots “facile” et “difficile” seront interchangés, tout comme les nombres 7 et 0)

Peu après,  Vincent va chercher les problèmes destinés aux élèves que lui procurent quelques illustres inconnus. Ceux-ci sont néanmoins trop faciles pour les élèves, et bien plus pour nous.  C’est donc une suite de 7 qui attend nos élèves, contrairement à l’équipe américaine qui les trouvera fort difficile, et enchaînera les 0… Le vieux continent fera ses preuves (cf un prochain épisode) !

 

Deuxième jour : De longues réunions pour une rapide traduction, une cérémonie d’ouverture éclair

 

Conformément à ce qui est attendu de nous, Vincent et moi participons à des débats sur la formulation des énoncés des deux jours d’épreuve : nous commençons (après une approbation des problèmes n’éveillant aucune discussion) par rédiger une version des deux jours d’épreuve avec les Anglais et les Américains, ce qui prendra toute la matinée, puis nous ferons approuver notre travail par les autres équipes pendant tout le début de l’après-midi. J’ai rarement passé une journée aussi intéressante ; quelle chance pour Vincent qui a déjà expérimenté cela une petite dizaine de fois !

Puis, cerise sur le gâteau, nous traduisons le sujet français ; pour ne pas faire d’erreurs, nous lirons et relirons le sujet plusieurs fois (il est très important de ne pas faire d’erreurs et d’être clair !), puis après avoir fini (ouf !) nous descendons de la salle où nous sommes confinés depuis 9h du matin pour rejoindre les élèves : il est à peu près 16h….

Eux se sont bien amusés (il est plus difficile de faire les RMM en tant qu’élève, mais manifestement, c’est plus marrant !) et ont acheté des bouteilles carrées (on me souffle qu’elles sont octogonales, mais c’est un détail de l’histoire).

Nous allons à la cérémonie d’ouverture où nous écoutons des élèves du lycée Tudor Vianu (le lycée où se déroule l’ensemble des activités liées directement à la compétition) chanter, ou jouer de la guitare et du piano. C’est plutôt agréable, d’autant plus que c’est assez rapide !

Puis nous rentrons à l’hôtel, mangeons (du poulet), jouons (un peu) puis nous nous couchons : demain, premier jour d’épreuve pour les élèves !

 

Troisième jour : Un premier jour d’épreuve mitigé

 

Pendant que Vincent et moi (surtout Vincent d’ailleurs, puisque je n’ai pas le droit de vote) décidons des barèmes des différents problèmes, les élèves s’ennuient à mourir : en effet, ils sont devant des problèmes de math (beurk) et comme tout un chacun le sait, faire des maths (particulièrement pour ceux en vacances) c’est la loose… Pas de chance !

 

Bref, ils cherchent des problèmes que je n’ai pas le droit de vous communiquer, et y apportent une contribution que je n’ai pas le droit non plus de divulguer : en effet, certains pays n’étant pas venus pour des raisons officiellement inconnues souhaitent faire passer leurs élèves chez eux, pour leur assurer un simulacre de RMM. La bonne nouvelle c’est qu’on a gagné plusieurs places sur le classement par pays !

 

En fin de compte, les élèves résolvent ou ne résolvent pas les problèmes qui leur ont été donnés, puis passent une après-midi relativement tranquille. Vincent et moi recevons leurs copies à 17h ; c’est à ce moment que commence le vrai travail. Baudelaire a dit : “Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or”. Nous, on a eu des copies magnifiques, et on a en fait des points. Et ça recommencera demain….

 

Quatrième jour : La fin des épreuves pour les élèves, et début de la coordination

Alors que nos quatre brillants élèves cherchent et parfois trouvent les problèmes qui leur sont proposés, Vincent et moi nous nous battons pour leur récupérer leurs points du premier jour.

Cela peut sembler facile ; mais la logique mathématique et la pensée critique ne semblent pas faire partie des prérequis pour être coordinateur. C’est ainsi que,  ébahis par autant de manque de rigueur, Vincent et moi mettons presque 30 minutes pour récupérer les points sur la solution manifestement parfaite du problème 2 d’Aurélien.

La fin de la journée, entrecoupée de deux repas aux poulets, se passe cependant quand même plutôt bien, et nous récupérons sans encombre les copies des élèves à 17h, en comprenant que nous ne récupérerons pas aussi facilement leurs points le lendemain….

 

Dernier jour : Fin de la coordination, et médailles

 

Vincent et moi, abusés par la similarité des planning de coordination des deux jours, arrivons avec une petite heure de retard pour défendre les points des élèves. Cependant, cette erreur ne nous empêchera pas de récupérer à peu près ce qu’on voulait, et les scores sont les suivants :

Elias : 4 points

Aurélien : 25 points, médaille d’argent

Vladimir : 7 points

Emilie : 9 points

Bravo à eux et tout particulièrement à Aurélien, deuxième médaille d’argent française à ce concours ! ce n’était vraiment pas facile, et ils ont tous réussi à écrire des (très) bonnes idées.

Demain, nous repartons en France, et nous dormons dans l’avion : rien à raconter !