Le RMM 2023 au jour le jour

La 14e édition du RMM (Romanian Masters of Mathematics) se déroule du 27 février au 4 mars à Bucarest. Il s’agit de la première édition en présentiel depuis 2020. L’équipe de France est composée d’Anatole Bouton, Charles Dai, Oscar Fischler, Itaï Israël, Auguste Ramondou et Georges Tézé. Ils seront encadrés par Vincent Jugé (chef de délégation) et Rémi Lesbats (chef de délégation adjoint). Le site officiel de la compétition se trouve ici.

Lundi 27 février : Arrivée en Roumanie

Notre histoire commence comme bien souvent à la gare de Châtelet-les-Halles, où se retrouve dès 9h du matin toute l’équipe, sauf Charles qui nous attend à l’aéroport. Un intrus se glisse néanmoins dans le groupe, Arthur s’étant joint à nous pour accompagner son frère jusqu’à l’aéroport. Après un quart d’heure d’attente dans la file pour l’enregistrement du vol pour Hanoi, nous parvenons finalement à faire enregistrer nos bagages et à embarquer.

Nos billets d’avion indiquent “repas disponible : food”, et c’est donc tout naturellement que nous espérons recevoir une collation à bord. Malheureusement, nous apprenons que la nourriture à bord est payante et ne paye pas de mine, d’où notre première déception culinaire de la journée. Nous atterrissons donc vers 16h (il y a 1h de décalage horaire) à Bucarest le ventre vide, sauf Anatole qui nous rappelle à de multiples reprises que sa mamie lui a préparé un encas.

Nous sommes alors séparés, les élèves prenant un premier taxi vers leur lieu de séjour, tandis que nous partageons une voiture avec Geoff Smith et Samuel Bealing, les leaders anglais, en direction de l’hôtel des leaders. Nous apprenons que les élèves ont été déposés devant le luxueux hôtel Moxa – où certains naïfs se voyaient déjà profiter des multiples piscines – à la place de la résidence universitaire Moxa située quelques mètres plus loin.

Nous retrouvons finalement les élèves, et découvrons que l’un d’entre eux a perdu son sac à dos, heureusement sans objet de grande valeur (surtout pas de pièce d’identité). Il est 18h et certains n’ont pas mangé depuis le petit-déjeuner 10h plus tôt, donc nous nous empressons de rejoindre la cantine universitaire où nous prendrons tous nos repas cette semaine.

L’équipe peine à se retenir le temps d’une photo
Petit zoom sur cet appétissant dessert

C’est le début de la deuxième déception culinaire de la journée : le plat (du poulet, comme prévu) est essentiellement comestible, mais le dessert est une expérience qui met à mal les plus téméraires d’entre nous. On nous propose un gratin de macaroni sucré, servi chaud, dont nos papilles se souviendront longtemps.

Comme les leaders sont attendus à leur hôtel à 20h, il nous reste encore un peu de temps pour quelques parties d’Undercover, qui nous permettent de constater une maîtrise inégale de la notion de subtilité parmi nos élèves. Après une dernière partie au cours de laquelle je me fais assimiler à un lutin par un élève sournois, Vincent et moi retournons à notre hôtel.

Il est temps pour nous de découvrir les sujets des épreuves des prochains jours : nous avons jusqu’à demain matin pour nous faire un avis sur les problèmes, avant le vote qui officialisera les énoncés. A partir de maintenant, nous ne parlerons plus de maths avec les élèves avant la fin des épreuves.

 

Mardi 28 février : Retour en France ? (Titre volontairement putaclic mais parfaitement justifié)

Ce matin, Vincent et moi participons donc à la réunion du jury qui permet de fixer définitivement les énoncés. Après de longues discussions, nous parvenons enfin à nous accorder. Vient alors la phase de traduction des sujets, qui se déroule en deux temps. La première partie est gérée par les leaders anglais et consiste à décider des formulations précises des énoncés : tout est vérifié au mot près. Nous les assistons dans cette démarche, et parvenons à un résultat qui nous satisfait. Puis cette version est présentée aux autres leaders, qui la valident, et la traduisent dans leur langue pour leurs élèves. Nous avons alors droit à un panier repas digne des plus grandes aires d’autoroute. Vincent et moi mangeons ce que nous pouvons, avant de constater avec amusement que nos repas étaient exactement complémentaires, j’ai mangé mon plat, lui l’entrée et le dessert. Notre déjeuner est agrémenté d’un défi : nous mangeons dans une salle de classe où un magnifique exercice (en roumain) est resté au tableau. Saurez-vous comme nous en deviner l’énoncé et la solution ?

La réponse en fin de semaine !

Pendant ce temps, les élèves assistent à une conférence jusqu’au déjeuner. Du peu que j’ai réussi à en tirer, tous ne se sont pas endormis, malgré un réveil bien trop matinal à leur goût par un guide plein d’entrain. Il semblerait que le sujet était les réseaux de neurones, mais je n’ai pas plus d’informations à vous donner.

Comme nous avons fini la traduction très rapidement, nous avons du temps pour retrouver les élèves avant la cérémonie d’ouverture. Nous décidons d’aller nous promener dans le parc au nord du lycée, et reconnaissons une figure bien connue : après avoir quitté Charles de Gaulle hier, nous le retrouvons à peine 24h plus tard, et ne manquons pas l’occasion d’immortaliser ce moment.

Oui, il s’agit d’une photo de l’écran de l’appareil photo de Vincent parce qu’il nous manque un câble
Georges et Anatole, j’espère que vous avez retenu son nom !
“Me touchez pas le…” Qui aura la référence ?

Vient ensuite la cérémonie, où s’enchaînent quelques discours rapides de la directrice du lycée qui nous accueille et de quelques élus locaux (la maire de cet arrondissement de la ville et deux ministres délégués), puis des organisateurs (certains membres de l’équipe ayant peu dormi la veille manquent de s’endormir, mais nous ne donnerons pas leurs noms puisqu’ils rédigent ce paragraphe). Chaque équipe nationale passe ensuite rapidement sur scène, le temps de se faire applaudir et de constater que nous sommes le seul pays qui n’a pas amené de drapeau. La cérémonie se conclut par un spectacle de très bonne qualité par le groupe de comédie musicale du lycée, qui s’ouvre sur une interprétation roumaine mais fidèle de Les Sans-Papiers de Notre Dame de Paris, le tout avec une photo de Notre-Dame en toile de fond !

On est à domicile ! De gauche à droite : Vincent, Rémi, Georges, Auguste, Oscar, Anatole, Charles et Itaï

La cérémonie se termine sur quelques autres musiques plus ou moins connues, mais toujours bien interprétées et dansées, telles que Money, Money, Money d’Abba. Nous nous dirigeons ensuite vers le dîner, dont je n’ai que peu de souvenirs moins de 3h plus tard. La soirée se termine dans la chambre des élèves autour d’un jeu rapide avant de vérifier que chacun a bien toutes ses affaires pour le lendemain. On se couche tôt pour être en forme demain matin ! Pour Vincent et moi, la soirée se termine en karaoké (en apothéose sur ce chef-d’œuvre) pendant la rédaction de ce compte-rendu, ce qui explique les liens vers divers extraits musicaux dispersés dans les paragraphes précédents.

Mercredi 1er mars : Premier jour d’épreuves

Les élèves se réveillent de bonne heure mais prêts à en découdre ce matin ! Je ne partagerai pas ici la photo de leur improvisation de petit-déjeuner, puisque j’ai promis de ne pas émettre de jugement. Un guide très zélé les force à se dépêcher, souhaitant les faire partir à 7h45, pour être sûr d’arriver à 8h30 au lycée qui est à 20min à pied (l’épreuve débutant à 9h)… Vincent et moi entamons tout juste  notre petit déjeuner quand nos élèves nous appellent sous la pression du guide. Finalement, nous les rejoignons sur le chemin et arrivons étonnamment tôt au centre d’examen. Malgré quelques complications pour Itaï, qui se sent logiquement concerné à chaque fois qu’un organisateur appelle “Israël”, chacun trouve facilement sa salle d’examen, reçoit son badge de participant, et s’installe à sa table en attendant le début de l’épreuve, le temps pour nous de leur prodiguer quelques derniers conseils et de prendre des photos pour le compte-rendu.

J’espère qu’il restera assez de place pour les copies d’Oscar sur sa table !
Anatole, avec son sourire habituel
Itaï, serein et déterminé
Charles est déjà concentré
Et une brochette pour finir, avec Auguste devant et Georges au fond !

Pendant que nos élèves composent, le jury se rassemble pour discuter des barèmes des problèmes. De même que pour les sujets, le PSC (Problem Selection Committee) nous propose une version finie, et nous devons décider si nous souhaitons y apporter des modifications. Les discussions sont rapidement expédiées puisque nous sommes attendus pour aller au musée, et tous les débats se concluent par la phrase magique “de toute façon vous discuterez avec les coordinateurs”.

Les coulisses des réunions du jury

La matinée continue donc avec la visite du musée des paysans roumains. Notre guide, un élève du lycée, nous précise qu’il ne faut pas s’attendre à grand chose, puisqu’il s’agit juste du musée le plus proche du lycée donc d’un choix par défaut. Je ne m’attendais donc à rien, et je vous laisse compléter la phrase. La visite est expédiée rapidement, et est suivie par un tour dans un marché ouvert dont l’entrée est payante et où l’on peut acheter des souvenirs à prix touristiques.

Retour à nos élèves, puisque ce sont eux qui nous intéressent le plus. Après 4h30 épuisantes, ils sortent enfin. Après quelques rapides échanges sur ce qu’ils ont fait, il est convenu de ne plus en parler puisque de toute façon leurs copies sont désormais entre nos mains. Une guide visiblement plus stressée que l’ensemble de notre équipe nous presse pour aller déjeuner. Avant de nous laisser, elle nous dit qu’il faut faire attention, car elle a quelque chose de très important à nous dire, à savoir que nous avons 4h de temps libre avant le dîner. Nous la libérons donc sur ces paroles cruciales, et dégustons notre succulent riz mouillé au poulet.

Après manger, nous décidons d’aller faire une grande balade pour nous changer les idées et ne plus penser aux maths : il est important de recharger les batteries pour être de nouveau d’attaque demain matin ! Nous nous dirigeons vers le palais de Ceaușescu, situé à 45min au sud de l’hôtel. Les élèves passent l’essentiel de ce temps à chanter “Numa numa iei” à tue-tête pour “se faire passer pour des vrais Roumains” selon Georges. Nous arrivons enfin au palais, l’occasion pour l’équipe de s’assembler dans un effort commun d’essayer de faire sourire Georges sur au moins une photo cette semaine.

On vous laisse juger de l’imitation de Georges par Vincent

Nous décidons de faire le tour du palais avant de constater que la photo ci-dessus n’en représente que la largeur, le côté suivant est encore plus imposant. Nous rentrons finalement à la résidence vers 17h, bien aérés, les poumons purifiés par le doux air pollué de Bucarest. Vincent et moi laissons alors nos petits génies se reposer un peu avant le dîner, et partons découvrir la teneur de leurs copies, qui viennent d’être déposées à notre hôtel.

Après un rapide dîner agrémenté de nos désormais traditionnelles parties d’Undercover, nous retournons faire des courses pour le lendemain avant de recommander aux élèves de se coucher, puis rentrons de notre côté dénicher le moindre petit point enfoui au fond d’un brouillon non numéroté. Un élève a d’ailleurs décidé de numéroter de manière aléatoire ses 9 pages sur un problème, n’ayant selon ses dires pas eu le temps de les réordonner à la fin de l’épreuve.

Jeudi 2 mars : Deuxième jour d’épreuves

Pour les élèves, le programme est très similaire à celui de la veille : 4h30 d’épreuves à plancher sur des problèmes diaboliques. Je vous laisse donc une nouvelle photo de notre brochette de blonds de la salle 2, visiblement détendus en attendant de savoir à quelle sauce ils seront mangés. La première journée n’ayant pas proposé suffisamment de géométrie aux yeux de certains, la plupart s’attendent à un exercice de géométrie aujourd’hui. Pour le reste, ils le découvriront bien assez vite.

Auguste et Georges en forme ce matin !

Du côté des leaders, la première journée de coordination s’apprête à commencer. Nous avons scruté toutes les copies et essayé d’en estimer la valeur en fonction des barèmes officiels discutés la veille. Pour chaque problème, un binôme de coordinateurs a survolé l’ensemble des copies de chaque pays. Etant le 2e pays par ordre alphabétique, nous avons les premiers créneaux, 9h30 pour le P1, 10h pour le P2 et 10h30 pour le P3. La coordination du P1 se passe très bien et nous obtenons tous les points que nous étions venus demander. Au moment de sortir de la salle, les coordinateurs du P3 nous interceptent pour nous proposer de passer en vitesse, le temps de signer notre sextuple zéro. Nous lui demandons s’il a vu des preuves complètes de ce problème, et il nous répond en rigolant que le seul espoir se trouve du côté des Israéliens, puisqu’il ne comprend pas leur alphabet. Nous enchaînons avec le P2, qui se déroule également sans encombre, et la coordination est donc expédiée en moins d’une heure. Nous en profitons pour nous reposer en attendant la sortie des élèves.

A 13h30, les élèves fatigués sortent nous raconter ce qu’ils ont fait. Oscar doit rapidement nous quitter, puisqu’il a un vol pour Dublin dans l’après-midi : il doit participer à un tournoi d’échecs là-bas dans la foulée, on lui souhaite bonne chance ! Vincent l’accompagne donc à l’aéroport pendant que les autres élèves et moi nous dirigeons vers la cantine. Après un repas rapide, le manque d’énergie se fait sentir, donc nous retournons à la chambre des élèves pour profiter d’un moment de calme. Les élèves en profitent notamment pour appeler Théo pour lui raconter leur semaine.

Allez savoir comment Théo s’est retrouvé dans ce compte-rendu

Vincent nous rejoint alors, et nous entamons des parties de Loup-Garou pour une nuit. Ce dernier se trouve alors frappé d’une malédiction : à chacune des 7 premières parties, il obtient le rôle de simple villageois (alors que cela n’avait que 3 chances sur 10 de se produire à chaque fois), malgré nos doutes statistiquement légitimes sur son jeu d’acteur. En fin d’après-midi Vincent et moi rentrons à notre hôtel afin de récupérer les copies de nos élèves et de commencer à travailler dessus avant le dîner.

A 19h, nous nous retrouvons pour sortir au restaurant, afin de célébrer simultanément la fin des épreuves et mon anniversaire. Nous avions prévu d’aller dans une pizzeria, avant de constater qu’elle était complète sans réservation, comme tous les autres restaurants du coin. Nous nous rabattons donc sur le restaurant chinois de notre hôtel, qui nous accueille avec de grands plats d’entrées variées.

Le premier repas de la semaine !

Le dîner se déroule bien, puis chacun rentre à sa chambre, les élèves pour profiter de cette soirée de liberté sans contraintes, les leaders pour retourner se plonger dans les copies qui les attendent. Au menu, comprendre les preuves de géométrie des élèves, un vrai challenge pour Vincent et moi. En particulier, la copie de Georges ne contient qu’une seule page, tous ses brouillons ont été égarés par les organisateurs ! Heureusement, la page restante contient tous les éléments nécessaires pour se convaincre qu’il a bien compris le problème et que sa solution est parfaite. Quelques perles viennent éclaircir notre longue soirée, comme cette petite mention d’Auguste :

“Je déteste les polynômes”

Vendredi 3 mars : Repos et dénouement

Pour Vincent et moi, la journée commence dès 9h avec la coordination du P4. La plupart des copies sont expédiées, et on se concentre donc sur le cas de Georges. Le premier coordinateur nous propose 3 points pour une copie incomplète. Nous lui expliquons que ce n’est pas de la faute de Georges s’il manque les brouillons, et qu’il manque manifestement des pages puisqu’il n’y a même pas de figure et que la première lettre de la page est une lettre qui correspond à un point qui n’est pas défini dans l’énoncé. Les coordinateurs discutent alors pendant 5 longues minutes en roumain, et je comprends vaguement que le plus jeune coordinateur dit le chiffre 5 et essaye de défendre Georges pendant que l’autre répète 3 ou 4. Finalement, Le premier nous propose 5 points, mais nous refusons évidemment en répétant que la preuve est complète et en leur demandant de nous montrer quels sont les 2 points manquants. S’ensuivent 5  nouvelles minutes de discussions en roumain et un nouveau passage à la loupe de la copie, avant que le coordinateur ne propose 6, ce qui ne répond toujours pas à notre question. Nous lui demandons donc à nouveau de nous expliquer quel point du barème est manquant, et après un dernier passage en revue et un soupir il accepte à contrecœur de nous donner 7.

Le reste des coordinations se passe sans encombre, malgré un débat assez navrant avec les coordinateurs du P5, qui sont entièrement d’accord avec nous (et le reste du jury) pour dire que le barème est très mal fait, mais n’ont toutefois pas d’autre choix logique que de l’appliquer à la lettre. Après deux jours d’épreuves intenses et de coordinations, nous obtenons donc les résultats suivants :

P1P2P3P4P5P6Total
Anatole Bouton21072012
Oscar Fischler37000010
Auguste Ramondou2102218
Georges Tézé61070014
Charles Dai0702009
Itaï Israël1000001
Total14170184154

Un grand bravo à tous les participants, qui ont tous fait de leur mieux face à cette édition extrêmement difficile d’une des compétitions les plus réputées au monde. Vincent et moi tenons à féliciter tous les élèves pour leurs performances, car ils ont tous produit un travail de grande qualité et des idées remarquables, ce qui témoigne d’une quantité de travail fourni indéniable.

Nous rentrons annoncer ces résultats aux élèves, en attendant la cérémonie de clôture pour leur révéler les barres de médaille. Nous guidons alors les élèves vers l’ambassade de France, et ils comprennent notre quête : nous cherchons un drapeau français, synonyme de médaille pour la France (chaque médaillé est appelé sur scène et se présente traditionnellement avec son drapeau) ! Les élèves se réjouissent tous de cette nouvelle et félicitent Georges chaleureusement. Malheureusement, l’employé de l’ambassade ne partage pas notre enthousiasme, et ne nous ouvre même pas la porte, en répondant à l’interphone qu’ils n’ont pas de drapeau français…

Nous nous dirigeons donc pour la dernière fois vers le lycée Tudor Vianu pour assister à la cérémonie de clôture. La cérémonie s’ouvre sur quelques mots d’un Radu Gologan visiblement ému, qui nous annonce qu’il s’agira de sa dernière année en tant que président du RMM. Le maire de Bucarest, qui nous fait l’honneur de sa présence, se fend également d’un petit discours. A noter qu’il s’agit d’un habitué de ce genre d’événement, puisqu’il est détenteur de 2 scores parfaits aux olympiades internationales de 1986 et 1987. Il nous recommande en rigolant de s’engager en politique si on en a l’occasion, mais de privilégier à tout prix le monde académique aux mathématiques financières. Sur ces belles paroles, un nouveau spectacle de chant et de danse aussi agréable que le premier précède la remise des prix. Les noms des élèves ayant obtenu une mention honorable sont d’abord lus à voix haute, ce qui nous donne l’occasion d’acclamer bruyamment Charles et Oscar. C’est également l’occasion pour Anatole de découvrir que son nom n’a pas été appelé, et qu’il recevra donc aussi une médaille !

Anatole porte fièrement son polo de la POFM
Georges vient de rejoindre Anatole pour arborer nos couleurs

Les barres de médailles étaient les suivantes : 11 points pour le bronze, 18 pour l’argent et 24 pour l’or. Ces barres sont historiquement basses, ce qui confirme l’impression générale sur la difficulté extrême des problèmes de cette année. Cela nous donne l’occasion de rappeler à quel point il peut être difficile de représenter son pays en compétition internationale, et de saluer la performance de nos élèves, tant par leur persévérance face à l’adversité que par l’ingéniosité de leur production sur certains exercices. La France termine 11e sur 15 au classement des pays, ce qui est également tout à fait honorable compte tenu du niveau de la concurrence et des performances habituelles de notre pays.

Après la cérémonie, nous sommes guidés vers un restaurant avoisinant, où les élèves et les leaders sont séparés. Cela donne aux élèves l’occasion de se mélanger et de discuter. Ils nous rapportent notamment un exercice qui leur a été proposé par les Américains, et en cherchent un joli à leur donner en retour. Ils ont également sympathisé avec des Israéliens, des Bulgares, et bien d’autres pays, et ont l’air d’avoir bien apprécié leur soirée (en particulier le gâteau pour Anatole semble-t-il).

Du côté des leaders, Vincent et moi nous retrouvons à une table avec nos désormais inséparables amis anglais, ainsi que les Bulgares et les Serbes. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur les différentes préparations olympiques et leur fonctionnement, et de parler des olympiades à venir. L’ambiance est très détendue, surtout à partir du moment où Geoff Smith décide de sortir une belle bouteille de vodka pour la partager avec notre table. Le leader bulgare nous explique que si ça ressemble à de l’eau ça ne peut pas faire de mal, mais Vincent, Sam (l’autre leader anglais) et moi préférons notre eau plus traditionnelle. Les plats magnifiques s’enchaînent, nous sommes nourris comme des rois (profitons-en pour rendre un hommage à la cuisine roumaine qui ne s’est pas forgé une très belle réputation dans ce compte-rendu).

En belle compagnie, avec les leaders anglais, serbes et bulgares

Il finit par se faire tard, et quand la plupart des élèves sont partis je raccompagne donc l’équipe à sa chambre, laissant Vincent converser avec des leaders. C’est l’occasion pour nous de faire quelques petits jeux pour profiter de notre dernière soirée en Roumanie, avant de finir par aller dormir quand les paupières se font lourdes.

Samedi 4 mars : ce n’est qu’un au revoir

Ce matin l’équipe se réveille vers 8h, suffisamment tôt pour pouvoir ranger toutes ses affaires tranquillement en attendant le taxi de 10h30 qui doit nous amener à l’aéroport. Vu l’état chaotique de l’une des chambres, les deux heures n’étaient visiblement pas de trop pour tout ranger. Pendant ce temps j’essaye de faire imprimer nos cartes d’embarquement à la réception. La réceptionniste ne parle presque pas anglais et ne connaît pas l’adresse mail de son propre poste de travail. Après 6 tentatives infructueuses (beaucoup d’employés de l’hôtel ont dû se demander pourquoi ils ont chacun reçu 7 mails de ma part) je demande à passer derrière le comptoir afin de pouvoir lire moi-même l’adresse sur l’écran. Vient ensuite l’étape de l’impression : après 4 essais sur la carte d’embarquement d’Itaï, je me doute que le problème est du côté de l’imprimante. Ma maîtrise approximative du roumain d’imprimante m’a suffi à voir le mot “OK” clignoter agressivement en rouge, et en cliquant dessus les 4 exemplaires sont sortis. Je profite alors du fait que la réceptionniste me tourne le dos pour s’occuper d’un check-out pour prendre le contrôle de son ordinateur et finir les impressions en vitesse. L’ensemble de l’opération aura duré 35 minutes.

Je rejoins donc les élèves juste à temps pour prendre le taxi vers l’aéroport. On remerciera l’élan de lucidité d’Auguste qui m’évite d’oublier ma sacoche RMM dans le taxi alors même que j’étais occupé à rappeler aux élèves de vérifier s’ils avaient toutes leurs affaires. Une fois à l’aéroport, l’équipe ne résiste pas au fleuron de la gastronomie française et se procure des sandwichs chez Brioche Dorée, le jeûne de l’aller leur étant encore resté en travers de la gorge. Le vol sans passe sans encombres, du moins à l’heure où j’écris ces lignes en survolant le Luxembourg. Nous en profitons pour faire une dernière petite photo souvenir, qui sera censurée de ce compte-rendu par un élève peu à son avantage. Il a profité du voyage pour rattraper du sommeil de la veille et a dormi presque d’un bout à l’autre, se réveillant seulement dans les turbulences à l’approche de Paris (oui cette phrase a été écrite en France par contre, ça n’a pas été long de survoler le Luxembourg).
C’est ainsi que cette aventure se conclut à l’aéroport Charles de Gaulle (encore lui). Vincent distribue à chacun des diplômes de participation, puis Charles nous quitte pour prendre son train pendant que les autres se dirigent vers le RER B. Pour pousser le comique de répétition jusqu’au bout, je finis mon trajet à Charles de Gaulle Etoile. Je tiens à nouveau à féliciter les élèves pour leur ténacité face à cette épreuve d’une rare difficulté, et tout simplement les remercier pour cette superbe semaine en leur compagnie dont je garderai un excellent souvenir !